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Citation de Lectrice-Lambda


" Le capitaine Croix d'Aubois consigna cette information dans un cahier puis continua.

- Revenons à Saturnin Desbottes. Depuis combien de temps s'occupait-il de la comptabilité du domaine ?

- Je ne me suis jamais posé la question. Je suppose depuis l'achat du domaine.

- Vous n'êtes pas très curieuse...

- Je laisse ce méchant trait de caractère à ceux qui ont le plaisir de cultiver l'art de la suspicion. Je n'aime pas regarder par le petit trou de la serrure ni écouter derrière les portes. Peut-être me trouverez-vous candide, mais espionner mes parents ne me semblait pas un jeu fort passionnant. Et vous, enfant, étiez-vous sage ou déjà soupçonneux ?

- Pardonnez-moi, je n'ai pas à porter de jugement sur votre façon de vivre.

Virginie de la Sablière savoura sa petite victoire. Voir ce capitaine faire machine arrière ne lui déplaisait vraiment pas. Elle tenta de pousser son relatif avantage jusqu'à poser une question.

- N'y voyez surtout aucune dérobade, mais je m'inquiète au sujet de Saturnin Desbottes. Votre lieutenant ne m'a rien dit...

- Son devoir de réserve. J'ai de bien mauvaises nouvelles à vous apprendre au sujet de votre notaire. Le lieutenant Capus l'a retrouvé mort à son domicile. Ses assassins ont essayé de nous fourvoyer en déclenchant un début d'incendie mais nous sommes arrivés à temps pour le circonscrire. Sans votre présence d'esprit, je dois admettre que bien des preuves nous auraient échappé. Son meurtre serait devenu un simple accident domestique et la disparition des livres de comptes de votre père, une simple conséquence du feu. Je suppose que nous avons affaire à la même bande que celle venue chez vous cette nuit.

Virginie de la Sablière accueillit la nouvelle sans broncher. Après les évènements nocturnes, elle redoutait le pire. Pourtant cette double agression n'expliquait pas totalement les moyens mis en oeuvre par le capitaine Croix d'Aubois. La suite du questionnaire allait lui donner matière à changer d'avis.

- Votre père vous semblait-il soucieux ces derniers temps ?

- Soucieux ? Non, mais très occupé, oui. Son voyage et surtout son audience papale l'accaparaient.

- Vous a-t-il entretenue de la nature de cette entrevue ?

- Non.

- Je vais vous poser la question autrement. Votre père entretenait-il des rapports avec le Saint Siège ou avec ses représentants légaux en France ?

Virginie de la Sablière se demanda ce que le capitaine cherchait à la faire dire. De quoi soupçonnait-il donc son père ? De toute évidence, ses investigations n'étaient pas innocentes.

- Capitaine, ne serait-il pas plus simple de me dire ce que l'Empire reproche à ma famille plutôt que de tourner autour du pot ?

- Ce que nous cherchons à comprendre est simple : pourquoi le Pape Pie VII a-t-il accepté de donner audience à votre père alors qu'il l'a refusé à nombre de dignitaires impériaux.

- Alors il ne s'agit que de jalousie...

- Non pas exactement ; en fait, nous croyons que votre père détenant un message important.

- Balivernes, mon père ne détenait aucun message, pour qui le prenez-vous à la fin ? Un anarchiste ? Un révolutionnaire provincial ? Que ne l'avez-vous pas connu de son vivant pour proférer pareilles vilenies. "
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