Le brouillard qui n'était que quelques nuages de fumée il y a seulement cinq kilomètres commence à s'épaissir. Il gribouille la rouille. Efface les lignes et les courbes. Le relief disparaît. Il ne reste plus qu'un peu du noir de la route et un gros nuage blanc. Devant, derrière, en haut, en bas. Par-delà cette chape de coton il y a les ruisseaux, les précipices, les fougères oxydées, les piquets, les bogues, les forêts, les genêts sans fleurs, les cols près des cieux, mais la brume opaque les a effacés. Confortant l'âme errante dans sa perte. De repères. De sens. D'identité.