Ainsi donc, les craintes que Dolorès avait eues, quand Carmen avait rencontré ce gadjo, s’avéraient maintenant bien réelles ! Elle descendit de la roulotte de sa fille complètement bouleversée ; elle venait de réaliser qu’elle allait la perdre.
Elle connaissait la loi du peuple gitan : les femmes souillées étaient chassées, qui plus est quand elles portaient en elles le fruit de leur faute et, comble de malheur, quand elles commettaient celle-ci avec un étranger.
D’ailleurs, Dolorès ne se souvenait pas avoir entendu parler d’un pareil cas dans toute la communauté, et il fallait que cela tombe sur elle ! Elle imagina un instant la honte qui allait s’abattre sur leur famille : José perdrait à coup sûr son statut de chef de clan, et peut-être en seraient-ils tous, eux aussi, exclus ?