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Citation de araucaria


En voiture la vitesse émousse les surprises, mais il y a bien longtemps que je n'ai plus la force de courir à pied les cinquante kilomètres qui séparent Poindimié de Tendo. Le sifflement du vent sur la carrosserie, le ronronnement de la mécanique, effacent les cris des roussettes perchées au sommet des niaoulis. Je ferme les yeux pour me souvenir que là, juste après l'alignement des pins colonnaires, il fallait quitter la piste de latérite, s'enfoncer dans la forêt, suivre les chemins coutumiers. Les anciens nous avaient appris à nous recueillir près d'un banian centenaire dont les racines aériennes formaient une sorte de passage voûté voué à la mort. On repartait. Le sentier se courbait sur le flanc de la colline, et il arrivait un moment où le sommet de la tête franchissait la crête. On retenait son pas, sa respiration. En une fraction de seconde, le monde changeait de visage. La terre rouge, le vert sombre du feuillage, l'habillage argenté des branchages disparaissaient, effacés par la saturation de tous les bleus de la création. On clignait des yeux pour discerner, au loin, la ligne qui mariait mer et ciel. En vain. Tout ici était aussi transparent que le regard. On s'habituait peu à peu à la vibration de l'air. L'écume traçait la ligne ondulante de la barrière de corail, et au large le sable trop blanc rayonnait autour des îlots.
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