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Citation de genou


genou
14 septembre 2013
Lorsque John entame sa progression sur le flanc de la montagne
absolument verticale, en manœuvrant les pattes grêles de la bête-à-
ventouses, les gens de la rue s’arrêtent, lèvent les yeux, ils le
regardent faire et, parfois, le saluent de la main. Mais peu à peu, ils
se lassent et s’en vont : pour eux, ce sont toujours les mêmes gestes
qui recommencent. John l’Enfer, lui seul, sait qu’aucun de ses
efforts ne ressemble au précédent. D’abord, il y a le risque qui
augmente - moins en fonction de l’altitude que de la fatigue.
Ensuite, la musculature s’assouplit, les mouvements sont plus
heurtés, plus audacieux. Au fur et à mesure que les vitres retrouvent
leur transparence, une sorte d’optimisme comparable a l’ivresse
gagne le laveur de carreaux. Dans certains cas, il ira peut-être
jusqu’a se lâcher d’une main pour atteindre tel ou tel recoin. Il siffle,
puis il chante, puis il se raconte des histoires. Le vent écarte ses
lèvres, pénètre en trombe dans ses poumons : autant 1’air du rez-de-
chaussée était gluant, lourd, comme filandreux, autant le vent d’en
haut est rafraîchissant, purifié; un vent bleu comme le sang.
La première demi-heure est pénible, la deuxième est vivifiante;
c’est au cours de la troisième demi-heure que, accoutumance
aidant, tout peut arriver.
Il faut, à intervalles réguliers, prendre la mesure du vide, défier le
vertige; ne pas s’intéresser a ce qui se passe derrière la fenêtre, a
l’intérieur du gratte-ciel : sinon, on a vite fait de se croire sur terre ;
le plus dangereux, c’est la fille qui peint ses ongles, qui souffle
dessus, qui les tourne vers la lumière du jour, la moquette est
épaisse et verte, tout est doux, infiniment trop.
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