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Citation de santorin


Tous les ans Cevere remonte le fleuve sur sa longue pirogue, jusqu'à la grande anse, et s'arrête près du village de Naer pour y embarquer les morts. C'est ce que dit la légende et les Noirs de la région y croient, sans lui accorder trop d'importance. Ils n'éprouvent ni curiosité ni peur, de la même façon que nous autres, nous ne nous préoccupons pas, aux aubes livides de nos villes, des hommes qui viennent enlever les déchets. Si bien que presque personne ne tient compte de ces sept ans ni ne calcule le jour de l'échéance.
Cevere est grand, noir comme la nuit, ni jeune, ni vieux. Personne n'a jamais réussi à apercevoir son visage ; certains disent qu'il a les yeux derrière la tête, d'autres qu'à la vue des êtres humains il se couvre le visage d'une étoffe blanche. Il arrive silencieusement sur sa barque, accoste sur la rive déserte, disparaît dans le maquis pour y chercher les morts. Avant que ne tombe la nuit, il est de retour et les défunts s'assoient deux par deux dans la grande embarcation, et empoignent les rames. Lui reste debout à la proue, armé d'une longue perche qu'il plonge dans l'eau de temps à autre pour rectifier la trajectoire. Puis ils disparaissent au fil de l'eau, en direction du sud, engloutis par l'obscurité.
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