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Delphine Bahuet-Gachet (Traducteur)
EAN : 9782221106167
396 pages
Robert Laffont (20/05/2009)
3.68/5   30 notes
Résumé :
Publication des dernières nouvelles inédites en français de Dino Buzzati : la pièce qui manquait encore au puzzle... Après "Nouvelles inquiètes", la collection "Pavillons" publie "Nouvelles oubliées", un nouveau recueil de textes inédits en français. Avec cet ouvrage, le lecteur français a désormais accès à toute l'oeuvre narrative de Buzzati. Le choix a été fait de classer ces textes selon l'ordre chronologique de leur publication en Italie : la période couverte s'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Nouvelles oubliées est un des derniers recueils de nouvelles de Dino Buzzati publiées en Français alors qu'elles étaient, jusque là, inédites.
Ce livre permet donc au lecteur français de disposer de la totalité de l'oeuvre de Buzzati.
La plage de temps couverte par ce recueil fait que l'on retrouve dans le même ouvrage des textes assez dissemblables, avec un style et une tonalité bien différents, les angoisses existentielles de l'auteur s'amplifiant avec le temps.
Ce livre présente donc l'intérêt de nous offrir, en un seul ouvrage, une sorte de condensé de l'évolution de Buzzati, et en même temps de nous montrer qu'il n'a pas seulement écrit des textes sombres ou angoissés.
Un livre qui permet, en quelque sorte, de boucler la boucle, et de mieux connaître Dino Buzzati.
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Dans ce petit bijou de la littérature italienne, vous trouverez des personnages touchants, émouvants, terribles ou carrément extraordinaires. Dino Buzzati nous fait entrer de plain pied dans son univers si poétique et particulier. Dans ces nouvelles, je ne peux vous en conseiller une plus qu'une autre car cela me serait plus difficile. Bonne lecture.

"Le défunt par erreur"

La mort physique est inexorable pour chacun d'entre nous. Mais est elle plus terrible que l'indifférence à notre égard de nos proches ? Parfois l'on voudrait être seul au monde mais est ce que cela nous procurerait autant de soulagement que nous le souhaiterions ? "Notre défunt" en a fait l'amère expérience. Donné pour mort par la presse, adulé par les collectionneurs pendant un certain temps, mis à l'abri, "notre défunt" avait tout pour lui jusqu'au jour où il est totalement oublié par sa femme, par son indifférence et c'est vraiment cela qui le tue.

"La Création"

Il est dit dans la Génèse que "Dieu créa l'homme à Son image, et la Femme d'une côte de l'homme pour qu'il ne s'ennuie plus".

Mais selon "Notre Dino"ce n'est pas une de Ses créations mais plutôt celle d'un ange solitaire, opiniâtre qui grâce à son obstination extrême a permis à nos premiers ancêtres d'avoir été créés !

"Général inconnu"

Juste retour des choses dans l'histoire que nous offre Dino.

Lors des commémorations l'accent est mis sur les hauts gradés de la Grande Muette mais rarement sur les simples troufions.

Un squelette est retrouvé avec des médailles. Mais quelles sont leur utilités pour le squelette ?

Je ne ferais pas une longue diatribe antimilitariste quoique…. mais pas aussi bien que ne l'a fait Dino dans cette courte nouvelle.

"Quizz aux travaux forcés"

Tous les moyens pour sortir en Homme libre sont bons. En prenant le contrepied de ce que l'on attendait de lui, notre prisonnier a profité de l'absurdité de l'âme humaine.

N'est ce pas le raisonnement d'un esprit non conventionnel ? Qu'en pensez vous ?

"La leçon de 1980"

Cette petite histoire dans ces temps si agités devraient être lus par les dirigeants de tous les Etats aussi bien démocratiques que dictatoriaux. Cela leur apprendraient l'humilité se dont ils en ont bien besoin !

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Voici un libre qui ne laissera pas intact tant la noirceur de la vie et les doutes s'en dégagent. J'ai été très surprise par l'écriture fluide de l'auteur, un livre de nouvelles se lit généralement très rapidement et laisse parfois un manque mais Dino Buzzati nous emporte dans son monde et ses peurs notamment la guerre que l'on retrouve au tout début du livre dans Elégance militaire puis la mort, la vie après la mort avec de nouveaux amis bien étranges où il est question d'une ville où tout le monde est en apparence très heureux mais est-ce vraiment le cas ? Est-il au paradis ?!

On retrouve également mentionné des messagers de la mort de toute sorte que l'on retrouve dans plusieurs nouvelles comme dans le cas Aziz Maio où il s'agit d'un pli, « il fixait d'un air effaré le soldat qui lui tendait une lettre », une lettre signifiant qu'il est l'heure de partir, puis il nous décrit la douleur (Le miracle du roi Ignazio). L'auteur nous dépeint également le péché (Le grenier) et la damnation. Tous ces sujets sont sombres, nous révèlent nos craintes et nos doutes. Mais Dino Buzzati n'écrit pas que « des choses mélancoliques et sombres » (Le retour du croquemitaine) il nous entraine aussi dans une réalité qui peut paraître fantastique et magique, il nous le démontre dans Nuit après nuit en parlant des étoiles: « … elles n'habitaient pas la nuit sous leur forme astronomique, […] ce soir il ressemblait davantage à l'espace inexploré des mages de l'Antiquité. » Un espace inexploré comme l'âme humaine dont il essaie de nous faire visiter les recoins.



Merci à Blog-O-Book et aux Editions Robert Laffont pour l'envoi.

Lien : http://www.stemilou.over-blo..
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CHALLENGE SOLIDAIRE.
J'avoue que sans ce challenge, je n'aurais très certainement jamais lu cet auteur. Je n'étais pas très emballée déjà dès le départ par le format, une suite de nouvelles et en quantité….. Néanmoins, je m'y suis mise. J'y ai découvert une plume agréable, fluide, des textes bien construits, donc une lecture en soi plaisante. Mais les thèmes de cette série de nouvelles sont vraiment macabres: la mort, la maladie, la peur du noir, l'hiver, la nuit, enfin pas très gai tout ça. Dans cette lecture, ce que je déplorerais le plus, ce sont les fins abruptes de nombreuses histoires et je n'ai pas su tirer le but, l'objectif de l'auteur dans son récit.
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Brillantes. Ces nouvelles jusqu'à alors inédites en France sont belles, superbement écrites, tristes (la Mort et le temps qui passe sont très présents), mais aussi pleines d'humour. Je n'hésiterai pas à dire que les idées pour certaines sont ... géniales (parler à son double enfant, le village des âmes, les angoissés qui attendent...). Belle découverte, même si tardive...
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Les roseaux aquatiques, les herbes de la berge, les petits bosquets de saules et les grands arbres, ce dimanche de septembre comme tous les autres, virent arriver le monsieur d'un âge avancé habillé de blanc.
Il y a des années de cela - seuls les troncs les plus vieux s'en souvenaient encore vaguement - un inconnu avait commencé à pêcher dans cette anse solitaire du fleuve où les eaux sont calmes et profondes. Tous les jours fériés, à la belle saison, il revenait avec ponctualité.
Un jour, il n'était plus venu seul ; il avait amené un enfant qui jouait entre les plantes et avait une petite voix claire. Lentement les années avaient passé : le monsieur de plus en plus fatigué, l'enfant de plus en plus grand. Et pour finir, un dimanche de septembre le vieux ne vint pas. Le jeune homme arriva seul, et se mit à pêcher, seul.
Et le temps continua à s'écouler. Le jeune homme , qui revenait de temps à autre, perdit sa voix limpide, commença lui aussi à vieillir. Lui aussi revint un jour accompagné d'un enfant.
Une longue histoire à laquelle le bois tout entier est attaché. Le second enfant devint grand, et l'on ne vit plus son père. Tout cela devint un souvenir confus dans la mémoire des plantes. Depuis quelques années, les pêcheurs sont de nouveaux deux. Déjà le mois dernier, en compagnie du monsieur vêtu de blanc, l'enfant est venu, il s'est assis, sa petite canne à la main, et a commencé à pêcher.
Les plantes sont contentes de les revoir ; plus encore : elles les attendent toute la semaine dans l'immense ennui du fleuve. Cela les distrait de les observer, d'écouter les paroles de l'enfant, sa voix fluette qui retentit si bien entre les feuillages, de les voir tous les deux immobiles, assis sur la berge, tranquilles comme le fleuve impassible, tandis qu'au-dessus passent les nuages.
Un insecte volant a raconté que le père et le fils habitent dans une grande maison, sur le col voisin. Mais le bois ne sait pas exactement qui ils sont. Il sait cependant que la roue tourne, que tôt ou tard le vieux monsieur lui aussi ne pourra plus revenir et laissera le jeune garçon venir seul.
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Tous les ans Cevere remonte le fleuve sur sa longue pirogue, jusqu'à la grande anse, et s'arrête près du village de Naer pour y embarquer les morts. C'est ce que dit la légende et les Noirs de la région y croient, sans lui accorder trop d'importance. Ils n'éprouvent ni curiosité ni peur, de la même façon que nous autres, nous ne nous préoccupons pas, aux aubes livides de nos villes, des hommes qui viennent enlever les déchets. Si bien que presque personne ne tient compte de ces sept ans ni ne calcule le jour de l'échéance.
Cevere est grand, noir comme la nuit, ni jeune, ni vieux. Personne n'a jamais réussi à apercevoir son visage ; certains disent qu'il a les yeux derrière la tête, d'autres qu'à la vue des êtres humains il se couvre le visage d'une étoffe blanche. Il arrive silencieusement sur sa barque, accoste sur la rive déserte, disparaît dans le maquis pour y chercher les morts. Avant que ne tombe la nuit, il est de retour et les défunts s'assoient deux par deux dans la grande embarcation, et empoignent les rames. Lui reste debout à la proue, armé d'une longue perche qu'il plonge dans l'eau de temps à autre pour rectifier la trajectoire. Puis ils disparaissent au fil de l'eau, en direction du sud, engloutis par l'obscurité.
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Mais quand vient la nuit et que l'on se retrouve seul, certaines pensées resurgissent et envahissent l'esprit, occultant tout le reste. Les rires s'éteignirent, toute la maison s'endormit, la lune monta dans le ciel au-dessus des coupoles et des toits solitaires, les ombres amoureuses s'égarèrent dans les jardins, les douleurs se réveillèrent dans les ventres des malades de l'hôpital, les oiseaux nocturnes aux portes de la ville somnolant sur les bords des canaux pourris prirent leur vol, on entendait de temps à autre le sifflement d'un train ou un étrange appel auquel répondait le silence des longues rues, la pensée de la vie qui passe hantait les nuits blanches et, assise sur son lit, Ghitta Freilaber, vingt huit ans, tendit l'oreille pour écouter si, là-haut dans les lointains greniers, quelque chose remuait....
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- Bon d'accord, monsieur Inverness, mais dites-moi, ces dieux dont vous parlez, qu'ont-ils fait pour récompenser une telle dévotion ? Vous avez travaillé pour votre dieu durant toute votre vie, et en fin de compte. Qu'est-ce qui vous reste en fin de compte ?
- Cher monsieur Pross, dit Inverness avec solennité en lui tapotant la manche du bout de sa pipe, vous, avec le matérialisme généreux qui vous caractérise, rappelez-vous bien cela : il existe dans le vie des choses qui vous dédommagent de tout renoncement...
- Quoi ? L'orgueil d'appartenir à l'Horizon par exemple ?
- Mais oui, ça aussi, et pourquoi pas ? approuva Inverness que, désormais, on n'arrêtait plus, même la satisfaction d'appartenir à une entreprise qui ne portera jamais notre nom...
- Et après ? Qu'est-ce qu'elles en disent de toutes ces consolations théoriques, vos familles ? Qu'est-ce que vous leur donnez à manger ? Dans quelles sortes de maison habitent-elles ?
- Après..., et mes illustres collègues ici présents son prêts à en témoigner, on nous a toujours assuré des conditions de vie tout à fait décentes. En ce qui concerne les maisons, la mienne, à titre d'exemple, peut revendiquer un caractère noble et prestigieux que bien des palais pourraient lui envier. Et même la vôtre, si cela se trouve, très cher monsieur Pross !

Extrait de la nouvelle Un dieu descendu parmi les hommes.
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Ainsi la ville continuait à vivre sans rien savoir de moi, de moi elle se fichait complètement, elle ne connaissait pas même mon nom. Elle était emplie d’existences, jeunes ou moins jeunes, d’espérances, de maladies, de faste et de rêves mystérieux. Et de belles femmes çà et là sous les arbres noirs, amour qui fuyait derrière moi et me resterait à jamais inconnu. Elle me laissait partir sans regret ; elle n’avait rien fait pour me retenir, ni un sourire, ni aucune invitation, elle ne m’avait même pas adressé un salut. Pourtant cela me peinait de la quitter, il était triste de s’en séparer, et j’éprouvais de l’amertume en pensant à toutes les choses douces que j’y laissais, les belles journées, les longues et poétiques soirées, les toutes premières illusions, les rues dans lesquelles je la rencontrais d’habitude, les fabuleuses portes cochères pas encore franchies où l’on m’attendait peut-être, les occasions enfin dont on a rêvé et qu’on a laissées passer, sans même essayer : des heures, des jours, des années entières de la vie rapide gaspillés ainsi par lâcheté ou par orgueil.
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« le désert des Tartares » de Dino Buzzati est publié en poche chez Pavillons Robert Laffont.
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