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Citation de MegGomar


Deux jours avant la date fatidique, je tente un dernier recours
auprès de ma mère venue me tenir compagnie :
« Diddi, si vous m’obligez à l’épouser, je me suiciderai !
— Si tu te suicides, tu iras droit en enfer et, si tu continues à faire
la tête, je te jure que je ferai une crise. Je vais mourir – et ce sera de
ta faute. Au mieux, je serai répudiée. C’est ce que tu veux ? Si
encore il ne s’agissait que de moi. Mais tes petits frères ? Tes petites
sœurs ? Ils sont trop jeunes pour vivre sans protecteur dans ce
repaire de loups. Es-tu prête à les sacrifier juste pour ton soi-disant
bonheur ? On ne t’envoie pas en enfer, Ramla. Bien au contraire. Tu
vas épouser un homme auprès duquel tu ne manqueras jamais de
quoi te nourrir, de quoi t’habiller et tu auras plus de biens que tu ne
pourras en désirer. Regarde ta demi-sœur, Maïmouna. Son époux
peine à assurer le nécessaire et elle doit encore attendre que votre
père la nourrisse et l’habille. C’est ça que tu veux vivre ? Jamais je
ne te laisserai affronter la pauvreté.
— Tu ne me comprends pas, Mère ! Je voulais dire… »
Elle m’interrompt d’un geste de la main, baissant encore plus la
voix. Un pli sévère barre son front encore lisse.
« Tu dois savoir une fois pour toutes que tes décisions
n’influencent pas que ta vie. Grandis, nom de Dieu ! Cela s’est
passé de la même manière pour moi, pour tes tantes, pour toutes les
femmes de la famille. Que veux-tu prouver ? Déjà, tes jeunes sœurs
risquent de ne plus être inscrites à l’école par ta faute. Tu as réussi à
donner une idée négative de l’instruction par ton comportement.
Ressaisis-toi, Ramla. Estime-toi heureuse de ton sort et remercie
plutôt Allah de ne pas te donner pire destin. Préfères-tu épouser ton
cousin Moubarak, ce voyou ?
— Bien sûr que non ! dis-je d’une petite voix.
— Parce que crois-moi, la mère d’Hindou, elle, serait prête à tout
pour que ce soit sa fille qui devienne la femme d’Alhadji Issa.
Pourquoi veux-tu à tout prix m’humilier ?
— Je ne pourrai jamais t’humilier, Diddi. Tu ne m’as pas
comprise. Je dois accepter ce mariage, tout le monde me le dit. Mais
moi, ce que je ressens ne compte pas ? Qui est-ce qui se soucie de
moi ? Je ne veux pas me marier. Je voulais continuer mes études.
— Tu as déjà terminé tes études. Tu ne serais pas en train de te
marier que tu serais restée à la maison. Jamais ton père n’aurait
permis que tu ailles à l’université. Ni ici ni encore moins ailleurs.
— C’est aussi pour cela que j’avais accepté d’épouser Aminou.
Avec lui, j’aurais pu continuer, et je l’aime.
— Alors ton amour est impuissant et inutile car il n’est plus
réciproque, fait-elle impitoyablement. Arrête tes caprices une fois
pour toutes sinon je me désolidarise de toi ! N’as-tu pas de dignité,
Ramla ? Où as-tu perdu le sens de l’honneur qu’on t’a inculqué ?
— Qu’est-ce que tu en sais si Aminou m’aime ou pas ?
Elle éclate d’un rire triste :
— S’il t’aime, comme tu veux le croire, alors dis-moi une chose !
Où est-il ? »
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