"Le dernier souffle d'un homme était si difficile à oublier. Il s'agissait du silence le plus assourdissant qu'il me fût donné d'entendre." (p.152)
"L'ambition corrompt tout ce qu'elle touche." (p.374)
Le cœur de Brooks se serra lorsqu’il constata à quel point on était aux petits soins devant sa chère pupille. Les jeunes hommes se présentaient tour à tour, déployant toute leur vivacité d’esprit pour déclencher les éclats de rire qui rendaient la jeune fille plus belle encore si cela était possible. Brooks dut cesser de l’observer tant il lui était douloureux d’imaginer que l’un de ces garçons puisse devenir l’amant de sa douce Isabel. Il songea à la façon dont elle s’était abandonnée à jouir entre ses bras dans la voiture et reprit espoir. Il la préparait, certes, mais pour lui. Jamais il ne permettrait qu’un autre, encore moins l’un de ces jeunes arrogants, ait sa virginité. Il s’en faisait un devoir.
— Tu es une petite diablesse ! s’amusa Felicity.
— Et c’est précisément pour cette raison que tu m’aimes, n’est-ce pas ?
Felicity éclata de rire et s’installa confortablement à une extrémité de la baignoire alors qu’Ursula occupait l’autre.
- Ce que nous voulons devenir ne se concrétisera jamais dans cette optique, chef ! Hitler croit dur comme fer à la supériorité des Allemands ! Il désire les convaincre que leur tour est venu, que les autres nations s'écraseront sous nos pieds. Cependant cela n'arrivera pas, car nous sommes les seuls à penser que nous méritons non seulement notre part du gâteau égale à celle des autres pays dominants, mais le foutu gâteau au complet !
En accord avec la nature, un homme ne souffre jamais de la faim. (...) j'ai compris qu'il ne sert à rien de désirer conquérir le monde. Il nous appartient d'office si nous acceptons de n'être qu'une infime parcelle des merveilles qu'il recèle. Il nous nourrit, il nous réchauffe, il nous tue; nous n'y pouvons rien à l'exception de nous sentir unis à lui par les lois de la nature.
Si Adolf Hitler avait une réelle motivation au coeur, les autres ne faisaient que le suivre et profiter de son ascension, semblables à ces poissons qui se collent aux flancs des requins pour s'approprier leurs restes.
- Je suis certain que l'absinthe n'a rien à voir. Ce soir, j'ai le sentiment d'avoir perdu conscience à l'intant où je t'ai vue en compagnie de Gebhardt, et je n'ai retrouvé ma tête qu'après t'avoir prise. Et encore, j'aurai envie de toi jusqu'à la seconde où tu disparaîtras de mon champ de vision. J'ai trop à perdre pour me permettre de céder à ce genre de folie.
- Passion.
- Pardonne-moi ?
- La passion peut certes être qualifiée de folie, mais rends-toi au moins compte que c'est ce qu'il y a entre nous.
J'avais compris un autre principe d'importance : les hommes, quels qu'ils soient, ont besoin qu'on leur dise ce qu'ils doivent penser. Il ne s'agit que d'avoir le courage de s'élever au-dessus de la mêlée et d'être celui qui indique la direction à suivre. Tous emboîteront le pas à quiconque ne semble pas douter de lui-même. C'était d'ailleurs pour cette raison que tant de gens suivaient Hitler : il ne doutait de rien. La foi d'Adolf Hitler en lui-même était plus grande que celle du croyant en son Dieu.
« Vous savez, je ne suis pas un homme foncièrement mauvais, commença-t-il faiblement. J'ai une épouse que j'adore, je suis un père affectueux, mais lorsqu'on nous répète sans arrêt que tout ce que nous faisons est bon, nous finissons par le croire et nous oublions de réfléchir aux conséquences de nos gestes. [...] »