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Citation de Henri-l-oiseleur


Nos catégories "sacré" et "profane" sont à l'évidence inadéquates face aux réalités mésopotamiennes mises en évidence dans ce livre. Les dieux mésopotamiens n'étaient pas conçus comme "patronnant" différentes activités, c'était plus que cela : Gula ne peut être décrite comme la patronne des médecins, elle guérissait parce qu'elle était LE médecin par excellence. Cette façon de comprendre nous est plus facile lorsque le nom de la divinité renvoie à une notion abstraite, comme Kittum, "le Droit", peut-être plus justement, "la Norme"; elle nous est moins évidente dans le cas du dieu Nanna/Sîn lorsqu'il s'incarne en taureau. Mais c'est la seule manière de comprendre qu'Ishtar, déesse de l'amour physique, était plus que la protectrice des prostitué(e)s, elle était LA prostituée. Les Mésopotamiens concevaient leur civilisation comme donnée par les dieux : les notions de création et d'invention leur étaient donc foncièrement étrangères. L'artisan ne créait pas une statue, c'était le dieu Enki/Ea qui la façonnait par ses mains. De la même manière, le médecin ne guérissait pas le malade, c'était la déesse Gula qui agissait par son intermédiaire. Les vaches étaient engrossées par le dieu Nanna en tant que taureau, leur lait était ensuite recueilli et traité dans les laiteries du temple. Enfin, ce n'était pas la femme qui procurait du plaisir à son bien-aimé - mais la déesse Ishtar elle-même. Comme l'a très bien souligné N. Veldhuis, nous avons affaire à une civilisation dans laquelle la religion n'avait pas encore émergé comme une constituante autonome : toute activité humaine y était donc par nature religieuse. C'est de cette façon que les temples doivent être vus : non pas comme remplissant des fonctions "profanes", mais au contraire comme signifiant la dimension éminemment sacrée de toute activité humaine. La "mythologie" ne fait que rendre explicite cette dimension.

Conclusion générale, pp.201-202.
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