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Critiques de Dominique Lhuilier (2)
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Vulnérabilités au travail

Les vulnérabilités rencontrées au travail sont souvent symptomatiques de défaillances quant aux conditions de travail. Avoir le courage d'en parler n'est pas facile.

Alors rechercher des solutions est au moins une des issues ! Lire cet ouvrage par exemple!

Ce livre est à parcourir pour sortir de processus d'exclusion rencontrés au cours d'un parcours professionnel. C'est une aide pour dédramatiser des situations conflictuelles et essayer de les relativiser.
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Le travail incarcéré : Vues de prison

Préparer un détenu à la citoyenneté ne se fait pas en commençant par l’en priver



« que peuvent nous apprendre cette institution, et ceux qui y vivent, sur les évolutions sociétales et les enjeux de l’existence, de l’« être au monde » ? ». Dans le premier chapitre, Le travail à l’épreuve du prisme carcéral, les auteurs/autrice rappellent que « La prison n’est pas une île coupée du monde ». Elle et ils abordent la question du travail en prison, « une activité spécifiquement humaine et proprement culturelle, mobilisant savoirs et savoir-faire mais aussi sens, valeurs, normes et affects », les configurations de l’emploi pénitentiaire, le service général (les travaux liés au fonctionnement quotidien des prisons), les activités de production, les contrat de concession de main d’oeuvre, les rémunérations, le « privé » dans la pénitentiaire, les mesures dites d’aménagement de peine, ceux (l’étude ne porte que sur des hommes détenus) qui ont accès au travail (moins d’un détenu sur deux), la situation des prévenus (personnes en attente de jugement)…



« Finalement, l’ensemble de nos interrogations peut se résumer autour d’un même projet : cerner, au-delà des discours, la réalité du travail en prison et ses fonctions économique, sociale et psychique. A quoi sert le travail ? Voilà bien une question qui n’est pas propre à cet univers clôt et relégué »…



Les chapitres sont résumés, des perspectives alternatives sont questionnées, « La restauration des fonctions psychologiques, sociales, économiques et culturelles du travail a une portée générale susceptible de transformer et le « travailleur » et le « système » dans lequel il s’inscrit. En prison comme dans le monde libre ».



Chapitre 2 – Travail, peine, prison : parcours historiques



Témoignage 1 – Pierre : entrer dans le « monde du travail » carcéral



Chapitre 3 – Les équivoques du travail pénal : entre exploitation et résistance



Témoignage 2 – Paul : dire l’expérience du travail



Chapitre 4 – du travail comme peine ou comme droit ?



Témoignage 3 – Francois : les mêmes évolutions que dehors ?



Chapitre 5 – Activité professionnelle, formation professionnelle et culture



Témoignage 4 – Alain : « J’ai toujours travaillé ou suivi des formations »



Chapitre 6 – Santé mentale et travail



Chapitre 7 – Les fonctions économiques, sociales et psychologiques du travail



Les différents chapitres et les lumières données par les quatre témoignages nous font entrer de l’autre coté du mur, de suivre des évolutions du fait carcéral dans le temps, de comprendre des mécanismes qui font de l’enfermement – non seulement une privation de liberté – mais aussi un déni de droits plus généraux, comme par exemple le droit au travail et le droit du travail.



Le premier chapitre propose un parcours historique des liens entre « travail et peine ». Sont analysés, entre autres, la chasse aux errants et mendiants, les législations contre les pauvres, le poids du temps de la justice ecclésiastique, les valeurs moralisatrices et norminatives du travail, le travail des galères, la création des colonies pénitentiaires, les dimensions économiques et utilitaristes du travail forcé, la « rentabilité des corps punis », le bagne et la naissance du travail pénal, le désir « projectif d’une orthopédie correctrice des corps et des âmes perdus », la construction d’une main d’oeuvre servile à bon marché, les dispositifs de punition, la répression des désordres, l’utilité des inutiles, « La façon dont s’exerce le travail en prison actuellement porte profondément les marques de son historicité »…



Dans le second chapitre sont analysées les équivoques du travail pénal, les critères « pénaux, carcéraux et sociaux » de filtrage des demandes, la focalisation sur « l’ici et maintenant, le temps de la peine », la fonction occupationnelle, les stratégies des détenus pour un « dégagement relatif de l’apartheid spatio-temporel », la représentation et l’estime de soi, « L’accès au travail signifie aussi l’accès à d’autres statuts qui ont une fonction décisive en termes de différenciation de soi et de reconnaissance par autrui », les dispositifs de contrôle et de contrainte, la subjectivité et la restauration d’un choix, les médiations permises par le travail, la résistance à l’exclusion, le désœuvrement comme punition, les dégâts de l’activité empêchée, « l’amputation du sujet réalisé par l’amputation de son pouvoir d’agir », la congélation de soi, « L’inactivité forcée est bien synonyme d’une altération du rapport aux autres qui elle-même s’alimente et alimente une altération du rapport à soi », les troubles psychopathologiques, la répression de la subjectivité, les sentiments d’appartenance et de singularisation, « La préservation de la vitalité passe par la revendication d’un usage de soi par soi et la résistance à la « congélation » carcérale comme à la prescription industrielle »…



Le quatrième chapitre interroge la présence du droit en prison, « Il s’agit ici de comprendre d’où s’origine et quelles sont les spécificités qui caractérisent le statut juridique du travail en prison, ce qu’il implique concrètement par rapport au droit général, en quoi il contribue à éloigner le détenu de la société civile ».



Sont, entre autres abordés, l’héritage historique du marchandage, le travail en sous-traitance, la prison comme une zone de non droit, l’organisation du travail, la régie industrielle des établissements pénitentiaires (RIEP) et la contrainte à tendre vers l’autonomie financière (le néo-libéralisme appliqué à la gestion des prisons), le contrat de concession de main-d’oeuvre pénitentiaire, l’exclusion du droit commun du travail, « un détenu travailleur n’est pas une personne incarcérée exerçant un travail », les textes réglementaires, la « soumission passive », les dérogations et leurs effets d’assujettissement, la gratuité et l’absence de jour de repos, l’« absence totale de législation juridique encadrant le déroulement du travail pénal », le pénitencier et le carcéral, « Détacher l’espace prison du travail qui s’y accomplit implique de changer le cadre juridique qui lie triangulairement les donneurs d’ordre, l’administration pénitentiaire et les détenus »…



De la justice et de la peine, « Une peine ne se réduit pas à son prononcé, bien maigre et vide, c’est une sanction concrète, avec un objet, des conditions et des aménagements ». Dans le cinquième chapitre, sont discutées les activités professionnelles, les formations professionnelle et les dimensions culturelles, « l’émancipation culturelle et professionnelle est au centre de toute potentialité ou prétention à une quelconque réparation sociale et psychique », le mythe de la réinsertion, la coercition, le hors-la-loi et le déni de droit, les appréciations dévalorisantes sur les détenus, l’indigence rendant débiteur, la dépendance, « Préparer un détenu à la citoyenneté ne se fait pas en commençant par l’en priver. Réfléchir aujourd’hui sur cet antagonisme éventuel, c’est, plutôt que construire l’idée d’une nouvelle prison pour l’avenir, bien au contraire créer et préparer le champ des peines substitutives de demain », les conséquences de la sur-adaptation carcérale, ce que pourrait être une activité professionnelle structurante, la confusion entre sanction et réparation…



J’ai notamment été intéressé par le chapitre sur la santé mentale et le travail, « la restauration de l’individu exclu dans sa dignité de sujet de droit, capable d’un usage public de sa parole devrait constituer la finalité de l’action judiciaire », la confusion entre « travail réparateur » et « adaptation normative à l’émiettement des tâches et aux critères de rendement associés » (à noter que cela concerne aussi directement le travail dans les industries – manufacturière, de service ou du commerce -), le refus de « psychologiser » les souffrances sociales, les corps et les empreintes des préjugés et des stéréotypes, les expositions à l’angoisse et les stratégies de préservation de soi, la matérialité des situations sociales, les conditions propices « à la réhabilitation d’une capacité de penser », la non existence du travail d’exécution, « Travailler implique donc la capacité de supporter affectivement les impondérables, car l’activité ne devient alors efficiente que si elle double d’une obstination devant les échecs qui font partie intégrante du travail ordinaire », les sujets de droit « capable d’être soi-même auteur de droit, participant au débat sur le droit », les effets des violences économiques et sociales, la dénégation de la souffrance et l’intentionnalité du risque…



Le dernier chapitre revient sur les fonctions économiques, sociales et psychologiques du travail, les caractéristiques de la main-d’oeuvre carcérale, le spectre d’un darwinisme social, l’invention de l’irréversibilité des « déficiences » sociales et culturelles, les potentialités singulières de chaque individu, la sortie de l’« exotisme carcéral »…



La prison est une institution à la fois moderne et archaïque. Il convient de la penser en regard de l’organisation de la société et des rapports sociaux. Sans oublier que le jugement et l’enfermement est bien ciblé socialement. Ils ne concernent que très marginalement les escrocs en col blanc, les trafiquants fiscaux, les responsables des mort·es au travail, les empoisonneurs publics, les artisans de la mort guerrière et autres nuisibles délinquants…
Lien : https://entreleslignesentrel..
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