Si, d'une manière générale, les romantiques français peignent de grandes compositions historiques, les Allemands préfèrent le paysage auquel ils donnent un contenu symbolique complexe. La vision pittoresque disparaît presque au profit d'un art d'idée : il s'agit pour l'artiste de poser les questions fondamentales que sont les rapports entre Dieu et l'homme, et le sens de la vie humaine. Toute en contrastes, sa représentation de la nature oppose souvent un premier plan riche en détails et un lointain évanescent figurant l'inaccessible, ce qu'il n'est pas permis à l'homme de comprendre.
La situation en Autriche n'est guère florissante durant ces années 1824-1826, règne du "joséphisme" le plus étroit. La centralisation administrative, la lourdeur bureaucratique, paralysent toute initiative... Les théâtres végètent, fermant à tour de rôle, en attendant l'opéra italien qui pourra les renflouer ; car seul Rossini triomphe, Beethoven et Weber en on fait la triste expérience : " Oui, oui, Viennois, c'est comme ça ! Rossini et compagnie, voilà vos héros ! De moi vous ne voulez plus rien... Rossini, Rossini über alles" [Beethoven].
Nos vues historiques sur le XIXème siècle nous ont habitués à ne considérer que les chefs-d'oeuvre incontestés, à construire une histoire de la musique sur les exceptions, écartant délibérément ce qui était la musique du temps, ce que l'on jouait, ce que l'on chantait à la maison, bref, l'art au quotidien.
Autour des années 1820-1830, les artistes de l'Europe entière sont attirés par la littérature anglaise et les romans de Walter Scott bénéficient d'une large diffusion. Son oeuvre poétique est moins connue, assez cependant pour que Schubert lui emprunte quelques poèmes.
Franz Theodor et Elisabeth Vietz se marient le 17 janvier 1785. Sept semaines plus tard naît leur premier fils, Ignaz, l'aîné d'une longue série de quatorze enfants, dont cinq seulement survivront. "Notre" Schubert est le douzième.
Schubert ne trouve d'auditoire que dans les demeures bourgeoises de Vienne, chez les riches amateurs comme Ignaz von Sonnleithner ou les demoiselles Frölich. Et encore lui demande-t-on surtout de jouer au piano des pièces faciles, enjouées (des danses, des variations...). Jamais il ne pourra imposer sa musique de chambre ou sa production orchestrale.