Le swahili n’était même pas un vrai langage, si on y réfléchissait. Même le mot swahili venait du mot arabe sawahil, qui veut dire « côte ». Quand les Arabes fondèrent leurs villes commerçantes à Zanzibar et Mombasa et ailleurs sur la côte d’Afrique orientale au XVIIe siècle, et se marièrent avec les diverses tribus bantoues qui vivaient là, cette langue bâtarde s’était formée, avec une syntaxe bantoue et un mélange de vocabulaire tribal et arabe. Ce yiddish africain avait été transporté vers l’ouest, sur quinze cents kilomètres de continent, par les caravanes esclavagistes arabes pendant leurs sanglantes récoltes d’hommes, de sorte que, même à présent, si par exemple un Nandi voulait converser avec un Acholi, c’était toujours ce satané swahili qu’ils utilisaient.