Doriane Meurant Gros

On l'a vu , les injonctions sont nombreuses à l'encontre des filles : elles doivent être présentable, tout en veillant à leur attitude et/ou leur tenue ne soient pas interprétées par les garçons comme une invitation. Elles doivent donc s'apprêter sans provoquer, porter un soutien gorge pour dissimuler leurs seins et leurs tétons au lycée, mais il leur faut aussi cacher les bretelles de leur soutien-gorge ! Et le contrôle de leur tenue vestimentaire est multiple : la famille, les institutions, leurs camarades du sexe opposé et leurs paires. Camille Lavoipierre, chercheuse à l'école des hautes études en sciences sociales (EHESS), explique que ce contrôle couplé à une injonction à la beauté est le combo parfait pour développer des complexes et un mal-être

JE NE VEUX M'HABILLER QU'EN ROSE :
Il est possible que votre fille soit moquée parce que trop masculine, voire qualifiée de garçon manqué sous prétexte qu'elle adopte des caractéristiques associées au masculin (par ses activités ou ses vêtements le plus souvent). Vous pouvez l'encourager en lui disant qu'elle est plutôt une fille réussie. En effet, la formule "garçon manqué", très péjorative, sous entend que la petite fille, ou l'adolescente, ne se comporte pas comme elle le devrait.
L'expression se base donc sur les stéréotypes : les filles seraient censées ne pas aimer les sports de combat, ni fréquenter exclusivement des garçons, par exemple. Celles qui le font transgressent les normes de genre.
Les garçons aussi, s'ils adoptent des comportements dits féminins, sont concernés. Pour eux le terme "fille manquée" n'existe pas. Le garçon efféminé est souvent jugé plus durement encore que la fille masculine, car la société considère qu'en adoptant des comportements féminins il dégringole dans la pyramide des valeurs, passant d'un stade ultra valorisé à un stade dévalorisé. Chez le garçons tout ce qui est associé au masculin est valorisé et ce qui est associé au féminin est au contraire déprécié.

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C'EST PAS UNE INSULTE C'EST POUR RIGOLER
....Il y a de fortes chances qu'Alix ne sache pas ce que signifie le mot "tapette", mais elle aura certainement compris qu'il s'agit d'une insulte visant certains garçons. Juliette peut lui expliquer que cette insulte visent d'abord les garçons qui sont amoureux d'autres garçons...pour le simple fait qu'ils sont amoureux d'autres garçons. Est ce risible d'être amoureux ? Non ! Alors pourquoi se moquer ?
Dans ce cas précis, l'enfant est insulté simplement parce qu'il parle à une fille. Pour son camarade cela signifie qu'il cherche à entamer une relation amoureuse. S'il a ce type de réaction, c'est sans doute à cause de nous adultes ! Nous avons la fâcheuse tendance à chercher des signes de rapprochement amoureux chez les enfants. N'avons nous jamais entendu un-e adulte s'émouvoir "oh ils sont en train de tomber amoureux ! " devant un petit garçon et une petite fille ? Nous le faisons quand il s'agit d'une fille et d'un garçon, très rarement quand il s'agit de deux copains ou de deux copines. Ainsi , l'enfant va associer le sexe opposé à une potentielle relation amoureuse et, comme cela ne l'intéresse pas, il s'éloignera des enfants du sexe opposé.

TENUE CORRECTE EXIGEE

Tout ce qui rappelle un corps de femme doit être caché en particulier les seins. Dans notre société, seul un seul type de poitrine est visible (en forme de demi-pomme avec une taille t une couleur de mamelon considérés comme standards) ou caché derrière un soutien gorge rembourré. Pour un grand nombre de personne, les seins envoient un signal d'une sorte de "disponibilité sexuelle", et il en revient aux filles de l'assumer, explique la chercheuse Camille Froidevaux Metterie. Les filles sont élevées dans l'idée qu'elles doivent avoir conscience de ce que leur corps et leur tenue éveillent chez l'autres, comme si les garçons n'étaient pas maitres de leurs actes. Sous-entendu : une agression seraient justifiée par des tétons visibles sous un t shirt par exemple, et il est du devoir des femmes d'"assumer ce risque". Dès lors , si un homme fait preuved'un comportement agressif envers une femme, cette dernière est trop souvent jugée responsable.

T'EN CONNAIS DES FEMMES PEINTRES TOI ?
En tant que parents, nous hésitons à inscrire nos garçons dans ces activités de peur qu'ils ne soient malmenés par leurs camarades. A l'écoles de la virilité, exprimer sa fibre artistique ne fait pas partie des traditionnels préceptes prétendus indispensables à la fabrique des garçons.
Si un garçon franchit ces normes invisibles et implicites, il se doit alors d'exceller dans la discipline choisie. C'est pourquoi dans notre exemple, Romaric envisage de devenir un grand peintre contrairement à sa sœur. Là encore, l'idéal masculin de conquête et de compétition intervient. On encourage les garçons dans cette voie, et les artistes peintres connus sont essentiellement des hommes.

C'EST PAS UNE INSULTE C'EST POUR RIGOLER
Une injure est sexiste lorsqu'elle vise une femme parce qu'elle est une femme, ou quand elle renvoie une personne à des caractéristiques "féminines" (par exemple femmelette). Même lorsqu'elle s'adresse à une femme en particulier, ce sont toutes les femmes qui sont concernées et "rappelées à l'ordre". Un homme n'est pas insulté parce qu'il est trop "viril", "trop homme" mais il essuiera des insultes homophobes, qui sont toutes sexistes. Elles renvoient souvent à une condition de femme, donc dégradante, dévalorisante.
Le qualificatif "fiotte" est un parfait exemple car il est né de la contraction du mot fillette.

LES PRINCESSES C'EST POUR LES FILLES :

Derrière l'inquiétude des adultes de voir un garçon jouer à la poupée ou se déguiser en princesse se cache souvent la question de la sexualité, et en l'occurence de l'homosexualité. Comme si enfiler une robe avait une influence sur l'orientation sexuelle des garçons ! Cette vision part en outre du principe que l'homosexualité n'est pas souhaitable. A l'inverse, on s'inquiète rarement de la future sexualité des petites filles qui se déguisent en spider man ou qui jouent avec une voiture.