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Citation de perlitaOr


Je pense à toi, chère et douce Gertrude, si paisible, si scrupuleuse ! À l’âge où la sensibilité est si vive, tu avais été enlevée à ta famille, à ton milieu de petits bourgeois anglais, pour être brusquement transportée dans cette serre chaude de culture étrangère, brusquement exposée à l’action rayonnante d’une personnalité comme celle de Mlle Julie… Quelle peine tu te donnais pour travailler, pour t’instruire, pour acquérir ces lumières dont l’éclat t’aveuglait ! Tu savais bien – comment ne l’aurais-tu pas compris ? – que ces deux mondes, celui où le hasard t’avait fait naître et celui dont Mlle Julie détenait les secrets, étaient séparés l’un de l’autre par un fossé profond, par un abîme, que ni ton courage, ni tes capacités, ne te permettraient jamais de franchir ! Comment n’aurais-tu pas senti que tes efforts resteraient toujours vains, que tu avais été non pas transplantée, mais déracinée, que jamais plus tu ne retrouverais un sol, un climat, où tu pusses vivre ? Et n’est-ce pas la conscience de cette fatalité qui a fini par consumer tes forces et t’a menée, irrésistiblement, jusqu’au désespoir – jusqu’à cette fin tragique ?
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