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EAN : 9782715243842
144 pages
Le Mercure de France (09/06/2016)
4.14/5   14 notes
Résumé :
"En relevant la tête, j’ai rencontré son regard fixé sur moi… Sans réfléchir, sans avoir prémédité mon geste, j’ai cédé à une impulsion inconnue d’une violence irrésistible, et je me suis tout à coup trouvée à ses genoux, couvrant ses mains de baisers et répétant, à travers mes sanglots : «Je vous aime! Je vous aime! Je vous aime!…» Je sentais sous mes lèvres la douce chaleur de sa peau, la dureté de ses bagues…" Venue parachever son éducation en France, Olivia, une... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Dans ce court récit à l'ambiance faussement feutrée, la narratrice, Olivia, se remémore sa jeunesse et revient sur l'année qu'elle a passée en France, dans un pensionnat de jeunes filles. Un mince roman à tiroirs traitant de l'adolescence et des premiers émois amoureux et où s'égrènent les joies, les douleurs et toute la complexité de la passion amoureuse.

Après avoir connu à treize ans l'ambiance religieuse étouffante d'un pensionnat de jeunes filles d'excellente qualité, Olivia est envoyée en France afin de parfaire son éducation, au sein d'une institution dirigée par deux dames françaises. Là-bas, elle dispose d'une agréable petite chambre pour elle seule et goûte à une atmosphère de joyeuse liberté. La nature environnante, l'absence de discipline et les moeurs plus libres offrent un contraste saisissant avec l'ambiance intimidante et solennelle de son ancienne pension anglaise.

Passé l'émerveillement, Olivia réalise que sous une harmonie de façade, l'école est en réalité en proie à de vives tensions. Les élèves se répartissent en deux castes, au gré des affinités qu'elles nourrissent à l'égard de leurs professeurs. Très vite, Olivia tombe sous le charme de Melle Julie, l'une des deux directrices de la pension. Insouciante et ingénue, l'adolescente est loin d'imaginer les conséquences désastreuses qui vont découler de cette relation ambiguë…

Si le caractère délicieusement sulfureux de cette plongée dans l'intimité d'une pension de filles évoque immanquablement Claudine à l'école de Colette, publié plus de trente ans plus tôt, la tournure dramatique des évènements confère progressivement au récit des airs de tragédie. Insidieusement, Dorothy Bussy nous prend peu à peu dans les filets d'une intrigue oscillant dangereusement entre amour et tragédie, beauté et horreur. L'expérience bouleversante provoquée un soir par la lecture de Racine par Melle Julie sera de fait l'élément déclencheur d'une série d'évènements en chaîne à l'issue fatale.

« Dans quelle proportion faut-il imputer à Racine, ou à la proximité de ce voisinage, la flamme qui, ce soir-là, s'est allumée dans mon coeur ? Je me suis souvent posé la question. Si le choix de Melle Julie ne s'était pas justement porté sur Andromaque, ou bien si le hasard ne l'avait pas incitée à me faire asseoir aussi près, en aussi étroit contact avec elle, qui sait ? peut-être que cette substance inflammable, que je portais en moi sans en avoir le soupçon, serait demeurée à jamais hors d'atteinte de l'étincelle ? A vrai dire, j'en doute : tôt ou tard, infailliblement, ce feu-là devait prendre… »

Lecture d'un texte qui se révèlera malheureusement prémonitoire de la tragédie sur le point de se jouer entre les murs de la pension cette année-là. L'évocation d'Andromaque annonce déjà les prémices du drame en germination. Dans ce microcosme féminin vivant en vase clos, l'auteure éprouve la confrontation des sentiments jusqu'au point de rupture.

Dans une ambiance intimiste et sur le ton de la confidence, la narratrice nous livre ainsi sa version des évènements. Pièce après pièce, elle introduit les acteurs et reconstitue le fil des évènements. Théâtre d'un drame en devenir, l'institution révèle bientôt des personnalités plus troubles et complexes qu'il n'y paraît, un air plus vicié et plus pesant. L'atmosphère se charge peu à peu d'électricité. Des relations tortueuses apparaissent et des rivalités amoureuses se dessinent.

Dans ce roman d'apprentissage, Dorothy Bussy décrit merveilleusement l'éveil de la sensualité et les premiers émois amoureux à cet âge charnière où la sensibilité est à fleur de peau. L'auteur a su saisir avec brio l'intensité de la passion amoureuse, la violence de l'amour qui consume l'individu et les réactions épidermiques engendrées par la surcharge émotionnelle qui le dévore. Véritable parangon d'innocence et de pureté, Olivia est un personnage fascinant, qui voit pour la première fois sa sensibilité s'éveiller à la beauté physique et ses sentiments s'exalter. A seize ans, l'adolescente se découvre un appétit de connaissance et de beauté nouveau et insoupçonné.

Par l'entremise des liens qu'entretiennent les différents protagonistes, Dorothy Bussy dissèque toutes les variations de la relation amoureuse : celle chaste et non consommée, l'amour passionnel et absolu, celui tût et vécu en secret ou encore la passion désespérée et destructrice… L'amour est aussi exploré dans ses recoins les plus intimes et ses travestissements les plus sombres. L'auteure décrit ainsi tous les pendants et les dérives du sentiment amoureux : jalousie, rivalité, vengeance, soumission… si tous les personnages ont pour point commun de connaître le sentiment amoureux, chacun en fait une expérience personnelle et individuelle.

Tour à tour lyrique et précieuse, l'écriture de Dorothy Bussy est d'un raffinement inouï. Avec des phrases soyeuses, elle évoque magistralement le déferlement d'émotions qui accompagne la passion naissante. On se délecte de chaque mot, de chaque formulation de ce texte d'une poésie infinie où l'éveil des sentiments amoureux et la violence des passions adolescentes nous sont décrits avec une justesse remarquable. Il y a dans cette opposition lancinante entre une forme de retenue pudique et le bouillonnement des sens et des sentiments, des réminiscences des romans de Forster. On retrouve d'ailleurs également en filigrane d'autres thèmes chers à l'écrivain anglais : l'homosexualité, l'évocation de l'Italie, les références à la nature, ou encore les réflexions sur la Beauté, la religion ainsi que sur le poids des valeurs traditionnelles qui conditionne notre construction.

Publié anonymement en 1949, il semble à peine croyable que ce véritable bijou littéraire (qui fut pourtant un succès immédiat en Angleterre lors de sa parution), ait ainsi sombré dans l'oubli. A la fois récit semi-autobiographique, roman d'apprentissage et véritable tragédie, Olivia est une oeuvre bouleversante et intense qui continue de nous hanter une fois la dernière page tournée. Un drame parfaitement ciselé et absolument magistral !
Lien : https://lectriceafleurdemots..
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Réédité par le Mercure de France, Olivia de Dorothy Bussy a été publié en 1949 en France, chez Stock, dans une traduction de Roger-Martin du Gard, et en 1950 en Angleterre. le roman prend pour point de départ les souvenirs, fort romancés, de leur auteur : Dorothy devenue Olivia, seize ans, est issue d'une famille aussi nombreuse que victorienne. Elle est envoyée en France, dans un pensionnat de jeunes filles, afin de parfaire son éducation. Elle y développe alors une véritable fascination pour mademoiselle Julie, professeure charismatique. Celle-ci, sans que l'élève en prenne conscience tout d'abord, tient de plus en plus de l'amour passionnel, tandis que Mademoiselle Julie tente de garder ses distances. Cette situation dégénère et Olivia assiste bientôt à une catastrophe d'ampleur sans bien comprendre qu'elle y a, indirectement ou non, participé…

Se dégage de ce roman délicat une atmosphère délicatement surannée – comme hors du temps et hors du monde. L'image idyllique du pensionnat de jeunes filles, dans les premiers chapitres, aurait pu faire craindre un ennui sage et policé, mais le propre des récits sur l'innocence, c'est qu'ils reflètent mieux que personne l'absence d'innocence du lecteur. le procédé reste cependant très artificiel : il l'était déjà lorsque dans La Religieuse, Diderot fait décrire à Suzanne les attouchements de la mère supérieure. Que la jeune fille n'ait pas conscience de ce qui est en train de se passer à l'époque, cela se comprend aisément, mais que la femme qui écrit des années plus tard son histoire n'en vienne jamais à remettre en cause et renommer cette expérience, ça devient un peu fort. Olivia avoue pourtant avoir attendu fort longtemps avant de consigner ses souvenirs… Les flous de la mémoire servent d'excuse, mais notre héroïne est peut-être un peu trop irréprochable à mon goût. Convenance de représentation, peut-être, pour parler d'un sujet qui ne va pas toujours de soi dans une littérature grand public ? C'est ce qui rend, finalement, le roman aussi daté que rafraîchissant. Si vous fuyez volontiers les sexualismes débridés de la littérature plus contemporaine ou si vous voulez prendre une jolie leçon de suggestion, peut-être devriez-vous jeter un oeil à cette réédition.
Lien : https://gnossiennes.wordpres..
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- olivia-

Un roman intrigant et malsain, entre l'amour d'une élève pour sa professeur. Je me suis senti de temps en temps mal à l'aise mais j'ai aimée le livre qui nous montre que nous lecteur, nous savons que la relations entre Olivia et Mademoiselle Julie est malsaine mais Olivia qui est jeune dans les récit ne rends pas compte.

Au début on pourrait penser que c'est un roman pour jeune adolescente, une adolescente qui rentre dans un collègue et elle doit se faire des amis et tout ça... Mais cela part toute suite dans une relations toxique. C'est aussi un roman autobiographique de l'autrice qui explique un moment qui peut arriver à plusieurs personne qui pourrait être abuser par son professeur ou sa professeur. c'est la première que je lisais un romans comme cela !

Cela m'a vraiment fait réfléchir ! Ce court récit qui est vraiment intense. Je pense qu'on devrait tous le lire.

Carlaines
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On plonge quasiment tout de suite dans une ambiance "pensionnat pour jeunes filles de bonnes familles", avec les leçons, les amies, les préférences, les petites jalousies. Mais on comprend assez vite qu'il y a beaucoup plus que cela, que les conflits devinés entre les deux directrices de l'établissement sont très profonds et complexes. L'arrivée d'Olivia, candide et enthousiaste, va être l'étincelle !
Ce récit, très court, est bien écrit, la description des sentiments très passionnés de cette jeune Anglaise pour sa professeure sont très bien décrits, très romantiques. On ne voit cette histoire que par le prisme de la jeune Olivia (même si elle la raconte une fois devenue adulte). Mais j'ai, pour tout dire, été gênée par leur relation, que j'ai trouvée assez malsaine. Ce qui trouble, pour ma part, le charme désuet et romantique de ce récit. (septembre 2017)
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Ce livre se déguste à la manière d'une friandise acidulée. Dans une ambiance parfois un peu sulfureuse d'un pensionnat français du début du siècle, l'auteur nous décrit avec délice ses émois , ses enthousiasmes.
Une écriture ciselée et très riche.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
J’enviais aussi la petite Signorina, mais pour d’autres motifs. Je devinais en elle une passion totale et absolue, dont je me savais incapable. Elle s’était tout entière et sans réserve consacrée à son idole : tout le reste avait été éliminé. Son adoration était si brûlante que la jalousie elle-même s’y était consumée : ni scrupules, ni devoirs, ni intérêts, ni affections n’existaient plus pour elle, si ce n’est en fonction de son amour. Aussi jouissait-elle d’une sérénité incomparable : aucun conflit jamais ne troublait sa paix intérieure. Elle était à l’abri de ces accès de désespoir ou de ressentiment qui me secouaient comme une houle, et me laissaient ensuite accablée par le mépris et la honte que je ressentais pour moi-même. Signorina ne désirait rien pour elle, rien d’autre que la permission de servir, de servir n’importe comment, de servir de toutes les façons possibles.
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J'ai mis à profit ce morne et vide hiver pour composer ce récit. Je l'ai écrit sans modestie comme sans fatuité, sans autre but que ma satisfaction personnelle, sans me soucier d'autrui, sans m'inquiéter de peiner ou de scandaliser les vivants, sans me laisser retenir par des scrupules envers les morts.
Les pires calamités planent sur le monde. Je ne l'ignore pas ; je suis aussi préoccupée que quiconque des bouleversements sociaux qui nous ont happés et nous roulent dans leurs vastes remous, de l'effroyable déluge qui peut-être s'apprête à nous engloutir. Mais que puis-je contre ces menaces ? Dans le chaos de cette tempête qui nous assiège de toutes parts, j'ai cherché un refuge momentané sur ce frêle radeau, construit avec les épaves du souvenir ; et, tant bien que mal, j'ai tenté de le conduire jusqu'aux eaux sereines de ce port qui s'appelle l'art, et auquel je n'ai cessé de croire ; j'ai fait ce que j'ai pu pour éviter les récifs et les bancs de sable qui en défendent l'accès.
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- Ah ! Voilà Olivia ! Approche, ma chère petite. Assieds-toi près de moi, et dis-moi si tu as des nouvelles de ta chère maman.
La voix était toute douceur et caresse ; les manières, engageantes et pleines d'affection. Ces dames, qui m'avaient connue enfant, me tutoyaient depuis toujours, et cela me faisait plaisir. J'aimais cette habitude française, qui ajoutait à leurs propos cette nuance exquise de tendresse que l'anglais, hélas ! avec son immuable vousoiement, sera toujours incapable d'exprimer.
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je m’éveillai dans un monde nouveau : un monde où tout était d’une intensité poignante, chargé d’émotions bouleversantes, de mystères insoupçonnés : un monde, au centre duquel je n’étais moi-même qu’un coeur brûlant et palpitant.
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Video de Dorothy Bussy (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Dorothy Bussy
"Olivia", un film français de Jacqueline Audry sorti en 1951. Il s'agit de l'adaptation du seul roman de Dorothy Bussy, "Olivia", paru l'année précédente. Extrait
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