AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de titimeccano


NOUS SOMMES le 6 août. Dans le grand pays qui faisait autrefois partie du nôtre, ils s'apprêtent à brûler mon amie sur un bûcher.
Elle s'appelle Maxime. Elle travaille pour moi, en quelque sorte, et nous nous sommes rapprochées au fil des années, bien que, dans mon secteur, une telle camaraderie soit considérée comme peu professionnelle. La raison de son exécution : elle a osé plaisanter en public au sujet du Christ.
Telle est la faute de Maxime : un monologue comique où elle se demandait tout haut si le Fils de Dieu s'était chié dessus sur la croix. Puis, toujours plus loin dans la surenchère surréaliste, elle émettait l'hypothèse qu'après la crucifixion, les centurions avaient ôté sa couche à Jésus pour s'adonner à une bonne vieille orgie coprophile. J'ai connu mieux comme humour. Je dirais même que cela atteint des sommets de mauvais goût. Toutefois, de notre côté de la frontière, il est encore possible de faire ce genre de blague graveleuse sans le payer de sa vie. Nos anciens compatriotes, en revanche, sont loin de prendre à la légère tout ce qui touche de près ou de loin au blasphème. Pour aggraver encore les choses, l'autrice de ce récit alternatif du Vendredi saint est une humoriste transsexuelle, qui a joyeusement renoncé à son pénis pour s'épanouir dans sa nouvelle identité de femme - crime épouvantable pour les gens d'en face. Et, si cela ne suffisait pas, elle est l'archétype de la Juive new-yorkaise.
Je me sens mal, ce soir, à attendre de voir Maxime traînée jusqu'au bûcher. À vrai dire, je suis même effondrée, mais je sais pertinemment que je ne peux pas me permettre de le montrer.
Commenter  J’apprécie          166





Ont apprécié cette citation (16)voir plus




{* *}