Douglas Penick

Les Bouddhas apparaissent quelquefois sous des formes, sons et actions qui sont des manifestations et expressions courroucées. Ces manifestations courroucées n’ont pas leur origine dans la colère, l’attachement ou la saisie du moi. Elles n’ont pas pour objet de blesser ou faire souffrir qui que ce soit. Elles sont issues de l’amour et de la compassion et ce sont des manifestations puissantes qui détruisent et éliminent les forces négatives, les sources mêmes de la souffrance.

Les nombreuses guerres de Gesar ne sont pas des expressions de colère, d’avidité ou de confusion. Elles sont au service des besoins des humains et du principe de la vérité. Ces guerres avaient pour but de faire triompher la justice sur l’injustice, la paix sur l’hostilité, la joie sur la souffrance et la liberté sur l’asservissement, à travers un acte de compassion qui s’exprimait sous la forme d’une guerre. Les armées de Ling participèrent à de nombreuses guerres, tuèrent des centaines de milliers de personnes et pillèrent de nombreux trésors grâce à leur habilité guerrière et leurs pouvoirs mystiques. Mais le seul but était d’éliminer les sources de la souffrance et de l’asservissement des peuples, d’étendre et d’assurer l’abondance, la paix, la liberté et de propager les enseignements du Dharma auprès du plus grand nombre d’êtres sans discrimination. (intro. de Tulku Thondup Rinpoche, p. 24)

Dans tous les domaines de l’existence il en va toujours
ainsi :
Si vous cherchez pour vous-même, vous vous perdrez ;
Si vous cherchez pour un autre, vous perdrez le monde.
L’existence ne peut pas être confirmée par l’existence.
La magie lumineuse de la réalité,
Le joyeux pouvoir de la vie,
N’est ainsi que dans sa propre référence.

Chers amis, quand une goutte de pluie tombe dans un
étang tranquille,
Elle se dissout inséparablement dans sa propre nature
Et c’est comme si rien ne s’était passé.
Mais quand cette même goutte de pluie tombe dans ce
même étang,
Des rides brillent et dansent à la surface de l’eau.
De ces deux façons de voir une même chose
Vient la vraie magie qui élève et détruit des royaumes,
Augmente la joie ou la trisse, l’éclat ou la dégradation.
(…)
Chers amis, regardez et voyez :
Le feu incessant de l’amour cosmique,
Le vaste et mystérieux royaume de la non-connaissance,
Le vent irrésistible de la colère cosmique
Sont tous des expressions spontanées de l’union indissociable.
Ils sont la grande pulsation qui anime et lie les formes de vie. (p. 125)

Mais, même le plus brave des guerres au regard aiguisé,
S’il se trouve dans une forêt dense par une nuit sans lune,
Est incapable de voir son chemin et a tôt fait de se perdre.
En se mouvant, il se heurte à des branches, se déchire à
des ronces.
Par des serpents et des loups il peut être attaqué ;
Pis encore : son esprit est en proie à des peurs enfantines
de longtemps oubliées.
Assailli par toutes sortes de terreurs imaginaires,
Il en perd la raison, ne se maîtrise plus.
De haut d’une falaise qu’il n’a pas aperçue il peut tomber
et perdre la vie.

Ce monde, ô Roi-Lion,
Si riche de brillantes promesses de bonheur,
Est véritablement une telle forêt.
Le ciel y est souvent assombri par les nues.
La nuit, il s’obscurcit. Le soleil et même la lune
Change sens cesse et souvent disparaissent.
L’amour se fait égoïsme brutal, la sagesse calcul,
La prospérité engendre une avidité féroce,
La justice devient un moyen d’oppression.
Aucune réalisation n’y est jamais permanente. (pp. 76-77)