AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de fanfan50


- Lâm, mon père a vécu toute sa vie paisible et oisive sous la protection de ma mère. Ce n’était qu’un étudiant en littérature, il n’avait même pas réussi ses examens. Il passait sa vie à déclamer les poèmes de Li Po, To Fou, à commenter la Complainte de la femme du guerrier, ou Le Pavillon de la grue d’or. Pourtant, chaque fois qu’il recevait des amis littéraires, ma mère ordonnait aux domestiques de préparer cinq à sept plateaux pour le banquet, elle laissait même tomber son commerce pour lui tenir compagnie.
- Ils appartiennent à un autre temps. Ils vivent avec leur époque. Auriez-vous oublié l’adage ? A chaque tronçon de fleuve ses propres eaux.
- Je comprends. Ma mère était une femme solide comme le bois de cyprès ou de pin, alors que ma femme est faite d’un bois plus tendre. C’est une variété de plante grimpante. »
Lâm rit :
- Pourquoi l’obligez-vous alors à tirer une si lourde charge ?
- Elle est néanmoins une femme vietnamienne. Nous avons la chance d’être nés sur une terre où la femme est prête à consentir avec générosité à de grands sacrifices. Suong est capable de supporter comme ma mère une partie de la charge.
- Vous parlez fort bien, Hung. Mais autrefois, avez-vous vu les amis littéraires de votre père se moquer de votre mère, la mépriser ?
- Mes compagnons de beuverie ne font que des éloges de Suong. Aucun n’oserait…
- Vous vous trompez. Voici ma deuxième question. Autrefois, votre père festoyait-il avec ses amis dans la grande salle en laissant votre mère manger dans la cuisine avec les domestiques comme le font Suong et An ? Pendant que vos ivrognes d’amis font ripaille jusqu’à la nausée à l’étage, ils mangent les restes de vos festins.
- …
- Vous ne le savez pas ou n’osez-vous pas le savoir ? Vous utilisez l’alcool pour vous boucher les yeux et les oreilles, pour vivre dans l’inconscience. C’est la plus lâche des conduites à laquelle nous autres, les hommes, avons recours depuis toujours. Vous dites que vos amis couvrent Suong d’éloges. Cela ne m’étonne pas. Quel homme ne flatterait-il pas la femme de son hôte quand cela lui permet de boire et de festoyer à l’œil, sans avoir à bouger le petit doigt de leur paresseuse carcasse pourrie ? Mais après les flatteries, lequel de vos amis e-t-il pointé le doigt sur le visage de Suong pour déclarer : sans le musicien Hoang Hung, vous seriez à jamais une paysanne anonyme dans un trou perdu des montagnes, il est juste que vous le serviez avec dévouement et cela suffit à peine à payer une partie de votre dette de reconnaissance envers celui qui vous a recréée. Qui a dit ces paroles et pas qu’une fois.
- Qui ? Je n’y ai pas fait attention.
- Vous le savez. Essayez de vous rappeler.
Commenter  J’apprécie          00









{* *}