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Huy Duong Phan (Traducteur)
EAN : 9782877305501
478 pages
Editions Picquier (19/06/2001)
3.29/5   31 notes
Résumé :
Douée d'une vitalité et d'un talent extraordinaires, Suong à la voix de cristal aime ardemment le musicien Hung. Obstinée, ingénue, elle ne dispense aucun pardon, aucune morale, ne ressasse aucun regret malgré l'incompréhension et le cynisme qui se lèvent avec la paix, au Viêt-nam. Ce roman d'amour, tissé de souvenirs et nourri du lyrisme des voix et des odeurs de l'enfance, nous laisse éblouis devant tant d'enthousiasme face à la médiocrité, devant cette énergie in... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Après avoir lu avec bonheur "Itinéraire d'enfance" et "Terre des oublis", je me préparais à me délecter de "Myosotis", publié en France il y a plus de 20 ans déjà, avant "Terre des oublis". Je savourais ce plaisir d'anticipation que connait bien tout lecteur qui va retrouver un auteur bien aimé.

Las, était-ce mon humeur du moment, ce récit a eu du mal à m'accrocher : trop de nostalgie sur laquelle les personnages s'étendent à n'en plus finir. Si vous avez dejà lu cet auteur, vous savez que la mémoire et les souvenirs sont un thème essentiel de son oeuvre. Pourtant ici quelque chose était "trop" pour moi. La quatrième de couverture, et quelques commentaires lus sur Internet, parlent d'enthousiasme, d'énergie et saluent la force des personnages.
Oui, Suong, petite fille de la campagne devenue vedette de la chanson dans le Vietnam de la guerre et de l'après-guerre, est admirable par la force de son amour qui soutient son mari Huong, le compositeur. Elle le suit dans le camp où il est interné après avoir été pris avec des "Boat people". Revenu du camp sans possibilité d'occuper le moindre emploi, il se retrouve contraint de vivre aux crochets de sa femme et sombre dans la déchéance. Suong, toujours tellement admirable, lui pardonne lorsqu'il lui prend son argent, ramène des compagnons de beuverie, disparait pendant des semaines. Peut être tant de grandeur d'âme et d'amour sont-ils pires pour l'homme déchu, ainsi renvoyé à sa propre faiblesse, à sa propre inconduite alors qu'elle est parfaite, belle et talentueuse…

Oui, il s'agit d'une belle et tragique histoire d'amour. Il s'agit aussi bien sûr d'un livre sur la société vietnamienne, sur le drame d'y vivre face à la toute puissance des petits chefs doctes et encartés. N'oublions pas que l'auteur, qui participa à la guerre, fut communiste et fut inquiétée pour avoir dénoncer les abus des dirigeants.

Mais, j'ai davantage ressenti un désespoir qui ne peut trouver de repos, qui s'enferme en lui-même comme Huong et ne parvient plus, malgré l'amour, malgré des enfants pourtant tendrement aimés, à retrouver le chemin de la vie.
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Une belle histoire d'amour très mélodramatique où le talent musical d'une jeune paysanne du Centre du Viêtnam, Suong, est découvert par un musicien de talent, Hung. Ils s'aiment et se déchirent à la fois. Une description de ce beau pays meurtri par de longues années de guerre et cinq ans après la fin de la guerre... le retour à la normale ou presque. Tandis que sa femme, l'alouette à la voix de cristal, fait bouillir la marmite en enchaînant récital sur récital, lui, le musicien déchu de ses fonctions à la fin de la guerre, accumule les bourdes : il s'enfuit sur un bateau rempli de boat people, rattrapé par les autorités du pays, puis emprisonné et libéré grâce à sa femme, il s'acoquine avec des artistes miséreux et pique-assiettes, il s'adonne à l'opium et trompe sa femme avec une fille vénale et attrape la syphilis coréenne. Suong ne l'aime plus mais continue à le soigner. C'est tragique jusqu'à la fin, éprouvante.
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En lisant ce livre je me retrouve dans la même position que les trois personnages principaux. Suong, Hung et , dans une moindre mesure, An.
Tiraillé, je suis, entre plusieurs sentiments; Plaindre, haïr, pardonner. Chacun doit tellement l'autre qu'il n'arrive pas à connaitre le degré de reconnaissance au delà duquel ce ne sera plus possible de se sentir redevable. Mais chacun a aussi ses bonnes raisons d'agir comme il le fait. Trahir ou se sacrifier? Voilà toujours la question qui se pose. Nous n'avons qu'une vie. Nous devons choisir. Ici Suong et Hung passent de l'un à l'autre car il ne peuvent choisir. Seul l'amour permet de faire pencher la balance.
Un très beau livre qui donne à réfléchir, avec beaucoup de détails mais jamais inutiles. Dans la même veine que les autres ouvrages de l'auteur.
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La chanteuse Suong et son mari, le musicien et metteur en scène Hung, ont énormément de talent et s'aiment à la folie. Mais leur couple se délite petit à petit quand Hung perd son travail pour des raisons politiques. Quand je lis du Duong Thu huong, c'est tout ou rien. Autant j'ai adoré certains de ses romans, autant d'autres me sont tombé des mains. C'est le cas de Myosotis : j'ai fait une pause après la 1re partie, et j'ai lu un autre roman en parallèle de la 2e. Sa plume est belle, et elle est extrêmement douée pour sonder les âmes humaines, notamment quand le personnage ressent de la tristesse, de la honte, du désespoir... Mais je me suis ennuyée, le roman n'est pas assez rythmé à mon goût. de plus, le contexte social est très spécifique (le milieu des artistes après la guerre du Vietnam), et je pense ne pas avoir toutes les clés pour comprendre.
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Je ne sais pas si j'arriverais à me replonger dans cette histoire à laquelle j'ai du mal à me retrouver. Je trouve cela confus, quelques passages intéressants suis à la page 329 , il y en a 479. Je ne sais pas si je lirais la fin car beaucoup de mal. Je n'aime décidément pas .
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
« C’est facile pourtant. L’adage ne dit-il pas qu’on vit et meurt de son métier. Chacun de nous a un métier. Par lui il connait et la gloire et la déchéance. Ici, votre métier de chanteuse peut sauver Hung. Dans ce trou perdu de montagne et de jungle, aucune loi ne domine l’homme. Tout être humain est charitable quelque part. Si vous accomplissez leurs désirs, ils vous aideront à libérer votre mari.
- Ca signifie que je chanterai pour eux ? Ces geôliers, ces… » répliqua-t-elle, pensant aux paroles dont la Mamma du prisonnier martelait ses oreilles. Les geôliers battent quotidiennement les prisonniers. La réalité n’est jamais à l’image des discours dont les mandarins abreuvent le peuple.
Lâm ignora l’air dubitatif de Suong, n’accorda aucune attention à la révolte masquée de sa question. Tranquillement, il regardait le lointain :
« Je sais. C’est justement pourquoi vous devez chanter. »
Il se tut. Les rides se creusaient au bord de ses yeux, sur ses pommettes. Suong attendit, le regard fixé sur son visage. Un long moment passa. Lâm, lentement :
« J’ai tourné et retourné la question dans ma cervelle. Le ciel nous a offert dix ans à tournoyer sur les planches pour servir les foules. Pourquoi n’utiliserions-nous pas ce misérable talent pour nous sauver nous-mêmes ! Vous chanterez. Je ferai mon One man show. A nous deux, nous avons largement la capacité de leur servir quelques soirées. Il faut sortir Hung de là à n’importe quel prix. Ici, naturellement, ce n’est pas le paradis. Et ce n’est pas très loin de l’enfer. »
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- Lâm, mon père a vécu toute sa vie paisible et oisive sous la protection de ma mère. Ce n’était qu’un étudiant en littérature, il n’avait même pas réussi ses examens. Il passait sa vie à déclamer les poèmes de Li Po, To Fou, à commenter la Complainte de la femme du guerrier, ou Le Pavillon de la grue d’or. Pourtant, chaque fois qu’il recevait des amis littéraires, ma mère ordonnait aux domestiques de préparer cinq à sept plateaux pour le banquet, elle laissait même tomber son commerce pour lui tenir compagnie.
- Ils appartiennent à un autre temps. Ils vivent avec leur époque. Auriez-vous oublié l’adage ? A chaque tronçon de fleuve ses propres eaux.
- Je comprends. Ma mère était une femme solide comme le bois de cyprès ou de pin, alors que ma femme est faite d’un bois plus tendre. C’est une variété de plante grimpante. »
Lâm rit :
- Pourquoi l’obligez-vous alors à tirer une si lourde charge ?
- Elle est néanmoins une femme vietnamienne. Nous avons la chance d’être nés sur une terre où la femme est prête à consentir avec générosité à de grands sacrifices. Suong est capable de supporter comme ma mère une partie de la charge.
- Vous parlez fort bien, Hung. Mais autrefois, avez-vous vu les amis littéraires de votre père se moquer de votre mère, la mépriser ?
- Mes compagnons de beuverie ne font que des éloges de Suong. Aucun n’oserait…
- Vous vous trompez. Voici ma deuxième question. Autrefois, votre père festoyait-il avec ses amis dans la grande salle en laissant votre mère manger dans la cuisine avec les domestiques comme le font Suong et An ? Pendant que vos ivrognes d’amis font ripaille jusqu’à la nausée à l’étage, ils mangent les restes de vos festins.
- …
- Vous ne le savez pas ou n’osez-vous pas le savoir ? Vous utilisez l’alcool pour vous boucher les yeux et les oreilles, pour vivre dans l’inconscience. C’est la plus lâche des conduites à laquelle nous autres, les hommes, avons recours depuis toujours. Vous dites que vos amis couvrent Suong d’éloges. Cela ne m’étonne pas. Quel homme ne flatterait-il pas la femme de son hôte quand cela lui permet de boire et de festoyer à l’œil, sans avoir à bouger le petit doigt de leur paresseuse carcasse pourrie ? Mais après les flatteries, lequel de vos amis e-t-il pointé le doigt sur le visage de Suong pour déclarer : sans le musicien Hoang Hung, vous seriez à jamais une paysanne anonyme dans un trou perdu des montagnes, il est juste que vous le serviez avec dévouement et cela suffit à peine à payer une partie de votre dette de reconnaissance envers celui qui vous a recréée. Qui a dit ces paroles et pas qu’une fois.
- Qui ? Je n’y ai pas fait attention.
- Vous le savez. Essayez de vous rappeler.
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-Qui commence ?
- M. Hung.
- Non. J’aime regarder avant de fumer. Essayez d’abord, Truc Son. Depuis toujours, c’est au poète d’ouvrir la voie. »
Truc Son s’allongea sur la natte. L’aubergiste lui servit la première pipe d’opium de sa vie. Il s’étrangla, toussa. Après chaque quinte de toux, il aspira toujours plus longuement la fumée. A partir de la moitié de la dose, il serra violemment la tige de la pipe entre ses dents. Ses yeux se diluèrent lentement comme s’il s’endormait dès qu’il lâchait la pipe. Ce sera au moins un merveilleux sommeil. Une partie de l’humanité se laisse séduire par cette fumée parce qu’elle aime rêver. Je la rejoindrai, il n’y a plus de place pour moi dans cette misérable existence, j’irai à la recherche des rêves. Hung sentit soudain se réveiller en lui les emballements de sa jeunesse. Je dois expérimenter la vie des rêves, c’est aussi une aventure. Les hommes ont découvert tous les continents de la planète, plus aucune terre inconnue ne les appelle. Ils exploreront les continents du rêve. Ces pensées ornèrent la cabane puante, effacèrent la sensation de la crasse qu’il avait éprouvée en traversant la forêt de filaos. Il sentit son cœur battre la chamade, le sang couler plus fort dans ses veines. Il revécut la curiosité, l’exaltation de son adolescence.
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Quant aux magnolias jaunes, dans sa province natale, on racontait partout la légende de leur origine. Il était une fois, une jeune fille belle, bien élevée, qui perdit sa vertu par amour pour un prince élégant, chevaleresque. Ils s’étaient juré fidélité devant les monts et les mers. Mais les parents du jeune homme le forcèrent à épouser une princesse, fille d’une famille riche et puissante ». Rejeton d’une famille célèbre et honorée, il dut sacrifier l’amour à la piété. Le jour du mariage, la jeune fille trahie se pendit à un vôi au bord d’une mare. On l’enterra au pied de l’arbre. L’arbre se dessécha, dépérit, mourut. La mare devint une mare hantée. Elle attirait les beaux jeunes hommes de la province. Ils venaient s’y baigner, s’y noyer. Les habitants du village, de la région consacrèrent une demi-lune pour combler la mare. La mare devint une tombe. Un arbre en jaillit, dont les fleurs aux pétales d’or embaumaient d’un pénétrant parfum. On les baptisa magnolias jaunes. L’impitoyable et terrifiant parfum attirait les hommes comme le pollen attire les abeilles. Surtout la nuit ou à l’heure du Cheval, vers midi. Celui qui s’y laissait prendre tournoyait sans fin autour de l’arbre, incapable de se souvenir du chemin du retour, comme de la limaille autour d’un aimant. Sa famille devait alors venir en foule armée de fouets imbibés d’urine, cravacher l’arbre pour libérer l’homme, le ramener à la maison. Il fallait ensuite lier solidement l’homme ensorcelé au pied d’un aréquier, ceindre son front d’une couronne de tiges de mûrier. Sans cette précaution, la nuit même, il revenait au pied de l’arbre, errait autour jusqu’à l’aube. Son sang se tarissait, son esprit s’égarait, il mourait en moins de trois jours. Les hommes mûrs, les jeunes gens de la région, assoiffés de désir, furent décimés. Le mandarin fit creuser des tranchées autour de la mare. On entassa des épines de févier, on les brûla, on planta des pals dans les cendres ? Alors, les hommes cessèrent de rôder alentour. Les habitants fuyaient le parfum des magnolias jaunes comme s’ils avaient le diable aux trousses. Les mois, les années passèrent. L’arbre se flétrissait, renaissait, se multipliait. Il devint une forêt. Les Français conquirent notre pays. Lubriques, ils tombèrent immédiatement amoureux du parfum ensorcelant de cette fleur. Ne respectant aucune superstition, ils plantèrent l’arbre dans leurs villas, leurs bâtiments administratifs. Depuis, la fleur reçut un autre nom : magnolia français. Petit, Lâm avait entendu mainte fois cette légende. Aujourd’hui, elle réveillait en lui de terrifiants échos.
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Peu à peu, non seulement la nuit mais aussi en plein jour, la nostalgie des collines souleva dans l’âme du jeune homme un grand vent chargé de la senteur des fleurs de tétracéra, des herbes odorantes, des pétales de pâquerette écrasés, du parfum des moxas à l’absinthe, des boutons de basilic qu’il écrasait entre ses doigts. Même la puanteur des chèvres qui revenaient en se dandinant dans l’enclos après une journée torride lui manquait. Il commença à rêver du retour à la terre natale. Souvent, il voyait apparaître des collines ondulantes comme les vagues de la mer, des cols encaissés, où s’élançaient des camphriers, où rampaient des tiges d’herbes vert sombre. A la saison des fleurs, le mauve clair des fleurs de myrte se tissait au violet agressif des fleurs de mua comme si on les avait brodées sur les flancs des collines et des montagnes. Il revit les champs de poivriers verts où il se glissait avec Suong sous les piquets pour arracher les mauvaises herbes. A midi, dégoulinants de sueur, ils couraient vers le val, dans le vent qui rafraîchissait leur peau, allaient se baigner dans le ruisseau. Elle finissait toujours son bain avant lui. Pendant qu’il plongeait, s’ébattait dans l’eau, elle ramassait des herbes sèches, faisait griller des patates ou des maniocs. Aucun mets de cette abominable ville ne pourrait se comparer à la saveur merveilleuse des patates et des maniocs grillés. J’ai été si heureux ! Si seulement ces jours revenaient. O ! Maman, si seulement je pouvais revivre ce temps.
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Vidéo de Duong Thu Huong
Duong Thu Huong, Les collines d'eucalyptus .Lorsque Duong Thu Huong, romancière vietnamienne, parle de son livre Les collines d'eucalyptus ( éditions Sabine Wespieser) et du destin d'un adolescent fugueur, c'est tout le Viet nam qu'elle évoque. Et l'ancienne combattante anti-colonialiste, aujourd'hui dissidente et exilée, ne mâche pas ses mots. Entretien Dominique Conil, video de Nicolas Serve.
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