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Citation de zenzibar


Je levai mon verre. L'alcool épais, d'un rouge violacé, dans les lueurs du crépuscule, étincelait comme du sang.

Un éclair d'angoisse, un gout dense de sucre, puis, une sensation de brûlure
embaumée, éclatante, exaltée. J'avais l'impression de boire quelque serment solennel, impitoyable, comme les serments sacrés des peuples primitifs
d'antan.

Le soir tombait. On entendait les gens revenir des rizières, tirant leurs buffles sur les allées du hameau. On entendait les femmes crier, injurier leurs enfants : -(...)
On entendait les bruits du soir. Certains rinçaient le riz, frappant en cadence sur les paniers de jonc. D'autres battaient le linge au bord de la
mare. Les enfants se débattaient dans l'eau en criant ... On sentait les odeurs du soir se mélanger, odeur des fumées de paille, odeur des écorces de
fèves brûlant avec des écorces de paddy, odeurs des excréments frais des buffles, odeur des goyaves mûres dans les jardins ... Tout se mélangeait
et, doucement, s'évanouissait dans la lumière du couchant. La nuit envahit alors les chemins. Le hameau sombra alors dans la douceur. Les bruits
crissants, pénibles, se tassèrent comme de la boue au fond des lacs.

Le ciel redevint pur.

Les bambous se balançaient, répandant sur la terre le chant éternel, de l'harmonie et de la paix.

Pureté indestructible d'une paisible campagne.

C'était un monde à part comme les grands lacs.

Les tempêtes ne pouvaient ne troubler que momentanément la surface de l'eau remuant un de vase et de lentilles, Puis tout retournait aux anciens
marécages, dans le glapissement des crapauds au crépuscule, le chant lancinant des insectes de la nuit, le pas des buffles et des hommes, à l'aube,
dans les rizières.
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