C’est une ville de taupes. Les gens prennent le métro, ils traversent par les passages souterrains, ils reviennent de même. Moi, au moins, je fais deux cent mètres à pied tous les matins et tous les soirs. Eux, ils ont rien. Ils prennent les passages souterrains pour aller à leurs bureaux parce que ça va plus vite. Qu’il pleuve ou qu’il fasse beau. Ils mangent dans la galerie du sous-sol. Ils rentrent par le métro. Ils ne voient jamais la ville. Moi, j’en vois deux cent mètres tous les matins et tous les soirs. Comment vous dites qu’il fait dehors ?
-Fait beau.
Dix-huitième hein ?
-Exact.
- En haut, en bas, je monte, je descends. Toute la sainte journée. Mais je ne vais nulle part. Je suis comme qui dirait une taupe verticale. Les autres, c’est des taupes horizontales …