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Citation de Tandarica


Quand je quittais mes côtes natales au début de 1960, je n'avais aucune intention de m'enfoncer héroïquement dans les souffrances de l'exil. En fait, j'ai grandi graduellement dans l'absence, sans être jamais capable de résoudre les ambiguïtés de mon état. Comme d'autres criquets pèlerins, je devins un habitué de la Préfecture de Paris. Ce ne fut qu'en 1973 que je fus autorisé à rentrer à la maison pour trois mois, et comme je l'ai raconté dans « Une saison au paradis », le voyage se transforma en tentative pour me mettre en règle avec mes racines, pour en finir avec les affaires de jeunesse. Sans succès, cela devint clair (sinon je suis un récidiviste) car mon retour clandestin en 1975 était aussi en partie motivé par le besoin personnel d'aller au-delà de la contradiction d'être passionnément impliqué « là-bas » tout en vivant à l'étranger. Finalement, après sept ans et demi de vie carcérale comme le pouls au cœur du no man's land, le cordon ombilical fut coupé. Après quoi j'ai pu continuer, sachant que l'Afrique du Sud sera toujours à mes yeux le prisme maternel, la douleur aussi bien qu'une chance, un défi intrépide pour l'humanité à lever nos yeux terre vers un nouvel horizon en cette fin de siècle. J'ai été libéré pour vivre pleinement le restant de ma vie ailleurs. Pour déménager avec les changements. Pour écrire et prendre. Pour voir de plus près le soleil se rabougrir. Pour recevoir la mort inattendue.

Breyten Breytenbach (extrait de « Métamorphoses. Poèmes. »)
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