C’était un drôle de type. Ma mère racontait qu’une fois, elle avait dix ans, il l’avait obligée à retourner au village, seule, et à la nuit tombante, parce qu’elle avait oublié le tabac dans ses courses. Il faut ajouter qu’avec sa famille, elle habitait l’été dans une maison isolée à deux heures de marche du village, que c’était en 1920 et qu’il circulait encore des histoires de loup. Elle disait aussi qu’il rentrait souvent saoul à la maison, que dans ces cas-là, il battait sa femme, ma grand-mère, morte de fatigue, de coups et de pauvreté, bien avant ma naissance. Mais je crois qu’en 1820, c’était comme ça pour beaucoup de femmes de Villars mon village.