Edmond Sée

Dans "l'Oeuvre", en 1934, à la suite de la répétition générale, Robert Dieudonné écrit que "l'Indiscret" est certainement celle de ses pièces qu'Edmond See aime le plus.

Il ne lui a pas demandé mais il en est sûr.

Et même si ce dernier lui affirmait le contraire, il ne le ferait pourtant pas changer d'opinion !

"L'Indiscret" est une comédie en trois actes.

Elle a été représentée pour la première fois, au théâtre Antoine, en mars 1903.

Puis reprise, en 1919 et en 1934, à la Comédie-Française.

Autant le dire tout de suite, la pièce a beaucoup vieilli. Mais elle garde un petit air vif et frais qui lui donne un piquant que les années n'ont pas réussi à lui enlever.

La pièce montre Lucien Rivolet, un jeune homme compromettant par étourderie sa maîtresse, Thérèse Valantin, une femme mariée.

Lucien se révèle tellement bavard et expansif, qu'il en vient même à la dénoncer à son mari.

Il n'est pourtant pas grossier mais la bonne éducation d'un jeune homme ne dure, peut-être, autant que son cœur demeure intact.

Et là, est le cœur de la pièce.

Tout en félicitant l'auteur de la fine analyse psychologique contenue dans la pièce, les critiques de l'époque lui avaient reproché le caractère de son héros.

Il leur répondit dans une malicieuse lettre ouverte :

"....Et puis, j'avoue ne pas très bien saisir un tel reproche.

Quand donc la bonne éducation nous fut-elle donnée pour loi primordiale du Théâtre ?

Alors que de sujets devraient, en vérité, nous être interdits !....

Et s'il plaît à un écrivain de mettre à la scène un homme ignorant ou mal informé des quelques usages dont l'exclusive science désigne les parfaits imbéciles, doit-on lui en faire un crime et l'en accabler ?...."

Agréable à la lecture, ce joli morceau de théâtre sera, j'en ai peur, bien vite oublié.

"Les Miettes" est une comédie d'Edmond Sée en deux actes qui a été représentée pour la première fois sur la scène du théâtre de l'Athénée en 1899, reprise au théâtre national de l'Odéon en 1905 et finalement inscrite au répertoire de la Comédie-Française en 1930.

Elle est remarquable malgré son petit format. C'est un marivaudage brillant et intelligent. Les dialogues brefs, incisifs en font un modèle d'analyse psychologique subtile qui a pourtant, aujourd'hui, le poids des années sur le dos.

"L'élastique" est une courte étude de caractère, le caractère de celui qui "ne les lâche qu'avec un élastique". Cette image désigne la personne toujours prête à reprendre ce qu'elle avait donné dans un premier mouvement.

C'est une variation sur l'amour, sur l'argent et sur l'amour de l'argent.

C'est un petit acte, très soigné et très bien mené qui conserve tout au long de ses dialogues un ton plaisant et alerte.

C'est une comédie courte mais complète.