La tristesse nous rend muets, la disgrâce nous laisse sans voix, souvent la peine ne peut s'exprimer que par la lamentation ou par le cri. Dans la profonde tristesse d'âme de la mélancolie, le langage s'écroule. Comment, alors, la peine parvient-elle à la parole ? Comment le verbe poétique s'approprie-t-il la lamentation et la transporte-t-il au chant ? Comment la détresse de la disparition, de l'exil, inspire-t-elle le verbe et fait-elle de lui une parole poétique ?
Tous les ans, à la même date (le 20 mai) depuis 1984, la Marche du silence parcourt les rues de Montevideo.
Des milliers de personnes rendent hommage aux disparus. Ils marchent derrière une immense pancarte où l'on peut lire : "Pour le passé : Vérité ; pour le présent : Justice ; pour toujours : Mémoire et jamais plus." Les manifestants arrivent à la place Libertad, au centre de la ville. Les noms des disparus résonnent, un à un, dans le silence de la multitude.