L’œil dérobé
à Jean-Jacques Lebel,
nilotique
Extrait 5
Maintenant c’est la nuit, l’étape a posé sa ruche dans le silence.
Une étoile dessine à l’aquavive son vieux rêve.
Des tessons brulent à demi.
Repartons ! En route ! – ¡Vaya ! – Et tous ces parlers qui cordent
la poussière !
L’œil dérobé nous a suivis, où l’eau dormait en son givre :
l’ordre des mots ne distrait pas le monde.
Il est un lieu ou flûte de pâtre ose sa transparence
(la boue a fait chanfrein des cheveux, dépoli le souffle),
Rien n’y lève aux dalles sacrées, hors ce qui est admis à
vénération
poètes et conteurs y font exprès d’oblitérer la page ou de taire
l’acclamation,
pour nous la palme y a décliné sa mâchoire, pour moi l’éternité
glauque.
A gueules d’un palmier, haussé de sang, qui hampe de vent la
voûte
le bourg élève son rempart qui nous dévoue salutation
un homme avoue perdre ses dents, pourrir en sable, comme
le temps, une femme
s’endort au fleuve puis se lève, Enceinte-de-la-supplique !…