#EdouardGlissant #créolisation #CulturePrime
Avec son idée de la créolisation, le poète et philosophe Edouard Glissant en appelle à un "Tout-Monde" visionnaire, où nos identités dynamiques et ouvertes sont une clé pour penser notre futur. Réinterprétée, réappropriée aujourd'hui par divers courants de pensées, l'idée de créolisation théorisée par Edouard Glissant plonge ses racines - ses rhizomes - dans son expérience singulière des Antilles et de la langue créole.
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Chacun de nous a besoin de la mémoire de l’autre, parce qu’il n’y va pas d’une vertu de compassion ou de charité, mais d’une lucidité nouvelle dans un processus de la Relation. Et si nous voulons partager la beauté du monde, si nous voulons être solidaires de ses souffrances, nous devons apprendre à nous souvenir ensemble.
On avait commencé, ici aux Antilles, par moquer les fils, ceux qui étaient nés là-bas en France (les sociologues disaient : ceux de la deuxième génération), on racontait à leur propos des histoires de calimordants (leur manière à eux de nommer les crabes et de pérorer le français quand ils revenaient au pays et qu’ils étaient débarqués de ces Boeing 747 où on vous traitait presque comme un bétail ou une cargaison), plus tard on les appela des Négropolitains, ils en revendiquèrent parfois l’appellation, et la question se posa donc, à quoi nul ne porte réponse, de ce qu’ils sont en vérité.
J'appelle Tout-monde notre univers tel qu'il change et perdure en échangeant et, en même temps, la "vision" que nous en avons. La totalité-monde dans sa diversité physique et dans les représentations qu'elle nous inspire : que nous ne saurions plus chanter, dire ni travailler à souffrance à partir de notre seul lieu, sans plonger à l'imaginaire de cette totalité. Les poètes l'ont de tout temps pressenti. Mais ils furent maudits, ceux d'Occident, de n'avoir pas en leur temps consenti à l'exclusive du lieu, quand c'était la seule forme requise. Maudits aussi, parce qu'ils sentaient bien que leur rêve du monde en préfigurait ou accompagnait la Conquête. La conjonction des histoires des peuples propose aux poètes d'aujourd'hui une façon nouvelle. La mondialité, si elle se vérifie dans les oppressions et les exploitations des faibles par les puissants, se devine aussi et se vit par les poétiques, loin de toute généralisation.
La jeune fille avait du courage: elle marcha toute la nuit parmi les ombres affolantes, sans entendre les chiens (ou les engagés qui empruntent la forme des chiens, courent la campagne, volent, effrayent, s'amusent d'autrui), sans entendre le bruit multiplié de sa propre marche dans la splendeur noire, sans rien entendre qu'en son cœur un silence encore étonné, un silence qui avait pris corps et qui était maintenant l'âme sans âme de sa chair. C'était une fixité étrange dans la nuit..
On ne peut vaincre ni dépasser le prosaïque en demeurant dans la caverne du prosaïque, il faut ouvrir en poétique, en décroissance et en sobriété. Rien de ces institutions si arrogantes et puissantes aujourd’hui (banques, firmes transnationales, grandes surfaces, entrepreneurs de santé, téléphonie mobile…) ne saurait ni ne pourrait y résister.
La forêt subitement hurle à la vie. Les étoiles, rôdeuses, envahissent les écluses. Vivante ô vivante, reine. Tes pieds vont le chemin, manguiers abandonnés. Ta peau retournée est un labour rouge. Vivante,
ô vivante mon matin de prairie toi ma nuit de prairie violée au combat des taureaux. Tu as glissé dans l'eau les halètements de ta silhouette coupée de verre. Au gué la plage noire le sable noir des caresses. Dans l'astre bel astre de tes mains. Tranquille battue d'aurores dans la nef incendiée de tes rêves, et ta voix de splendeur clamée, d'ivraie mêlée à l'ivraie: je suspends l'orage au reposoir de tes lèvres.
Ah soudain
la peur d'être deux
dans la beauté.
L'éclair de toi la chevelure des neiges l'éclair de toi air et amour entrelacés. Toi serpente et labourée. Moi, écume de tes pas.
(Extrait de "Éléments")
Des mages vont, qui mâchent l'herbe et de soja…
Aux trés surit la hâte de six mangues mélaissées
Elles ont, ban aveugle, en leur firmament mis
Les désastres les morts la turbulence le charroi
De Terre qui surgit en ses criées.
Comme savon lassé de tourner dans sa parenté
Un pan d'écume en ces dalots a fait mémoire
Quand les pavés vaquent aux bancs qu'ils ont nommés.
Avons luné nos fourniments
Imaginé que nous ondoie, levé à la voierie ardente
Quel soleil, qui n'osait en la fosse d'aucun igname ?
Ô non données, ô improbables, lacs.
Le capitalisme contemporain réduit la part salariale à mesure qu’il augmente sa production et ses profits. Le chômage est une conséquence directe de la diminution de son besoin de main-d’œuvre. Quand il délocalise, ce n’est pas dans la recherche d’une main-d’œuvre abondante, mais dans le souci d’un effondrement plus accéléré de la part salariale. Toute déflation salariale dégage des profits qui vont de suite au grand jeu welto de la finance.
La frontière est cette invitation à goûter les différences.
Ensuite, il y a la haute nécessité de comprendre que le labyrinthe obscur et indémêlable des prix (marges, sous-marges, commissions occultes et profits indécents) est inscrit dans une logique de système libéral marchand, lequel s’est étendu à l’ensemble de la planète avec la force aveugle d’une religion.