L’œil dérobé
à Jean-Jacques Lebel,
nilotique
Extrait 9
Lors j’ai pris cette roche et je l’ai fait sonner
La lumière des mots déposait nue sur la paix d’herbe
le matin plaquait à la case un feu de feuilles loin-du-vent
le jour barré descend la morne
toutduvan, marchatouffe, mélasse à rêves, mélanésie,
tous mots de crève et de midi
aboyeurs de sang.
« Mon corps aimé, voyez la gêne où nous a mis l‘été
« en ce froid qui au ras du soleil tant nous hante ! » -
Le vent
à la lune bleue conte un bel-passage.
Ce pré se met en jungle, une source force à périr
la nouvelle-en-créole à la fin a crépi son Nil…
Sillac et acoma sonnent laghia nouveau
sillac, sillage de la bête en son Avent
acoma, vieille brousse en un seul fût montée
laghia, jeune mêlée ennilée d’une éternité…
le flamboyant, né d’orge rouge, de pudeur hautement
vanté
s’avance, estime la Gorée où nos chemins ont mis leurs
ganses
Il assemble, vieux corps levé au bleu du temps, les mots
d’eau et les mots de riz
l’arbre encense, l’hibiscus à odeur d’anis darde un guêpier
de frèles ovaisons…