MADAME, SI TOUTES LES DAMES CANADIENNES VOUS RESSEMBLENT...
Quand les Canadiennes ne payaient pas de leur personne, elles aidaient, en priant avec ferveur, au succès des armes de leur pays. Du reste, belles autant que braves, le roi d'Angleterre, Georges III, les a jugées dans la personne de Mme de Léry, quand à la cour de Londres, après la cession, il lui adressa le compliment suivant :
« Madame, si toutes les dames canadiennes vous ressemblent, j'ai vraiment fait une belle conquête ».
Histoire populaire de Montréal. A. Leblond de Brumath.
Nous ne nous adressons pas aux savants ; nous offrons ces pages à ceux qui n'ont ni les moyens, ni le loisir de consulter les ouvrages scientifiques qui leur permettraient de reconnaître, lorsqu'ils les foulent au pied, les mignonnes créatures qui peuplent nos prés et nos bois ; nous offrons notre livre à tous les gens de bonne volonté qui ont besoin d'acquérir quelques connaissances sur la flore de leur pays. Et quels sont ceux qui n'en ont pas besoin ?
Le cultivateur, l'homme de profession, l'artiste, le marchand, l'écrivain, la femme économe, pour ne nommer que ceux-là, ont tous besoin de se renseigner sur les plantes qui croissent dans leur contrée.
QUIPROQUO
Au commencement du siècle, au collège de Nicolet, celui qui nous enseignait l'anglais était un brave ecclésiastique irlandais qui apprenait,
en retour, le français et qui était tout glorieux quand il nous disait avec emphase en allant au réfectoire, avec son index dirigé vers l'estomac :
« — Oh ! je suis bien faim ! — Pas trop, repartaient les espiègles qui l'écoutaient en s'ébaudissant de rire.
Et lui d'insister en répétant : — Oh ! oui, je suis faim, bien faim » !
Souvenirs d'un demi-siècle.
J.-G. Barthe
L'inventaire des biens meubles de Dollard indique à ne pas s'y méprendre qu'il ne vivait pas dans le luxe, car il possédait moins d'effets mobiliers que la plupart de.'- habitants, même célibataires, qui décèdent avant lui. La somme totale de son avoir, après l'estimation qu'on en fait, n'aurait été que de 85 livres de vingt sols.
Néanmoins, cet inventaire, lorsqu'on le compare aux pièces contemporaines ou antérieures de même espèce, laisse apercevoir aussitôt, que le défunt était d'une caste différente de celle des colons ordinaires.
JE ME SOUVIENS
M. Eugène Taché avait préparé les dessins de la façade du Palais Législatif de Québec et y avait introduit les armes de la Province avec cette devise : « Je me souviens », dont il est l'auteur, et qui était alors inconnue. Les plans et devis préparés par M. Taché, à\L J.-B. Derome et le bureau des ingénieurs du département des Travaux publics, servirent de base et furent annexés à un contrat qui fut passé le 9 février 1883, devant Cyrille Tessier, notaire... Ce contrat fut signé par M. A. Charlebois entrepreneur et, de la part du gouvernement, par l'honorable M. Elisée Dionne et M. Ernest Gagnon, le premier comme commissaire, et le second comme secrétaire du département de l'Agriculture et des Travaux publics. Les parties contractantes signèrent aussi les plans annexés au contrat sur lesquels étaient dessinées les armes de la province avec la devise : « Je me souviens ». On peut donc dire que c'est à partir du 9 février 1883, date de la signature du contrat pour la construction du Palais Législatif de Québec, que cette devise a revêtu un caractère officiel.
Bulletin des Recherches Historiques, 1896.
Ernest Gagnon
M. Benjamin Suite est né aux Trois-Rivières, le 17 septembre 1841. Il s'est formé seul, grâce à ses talents naturels, car il quitta l'école à l 'âge de 10 ans, pour prendre de l'emploi dans le commerce. Il débuta dans le journalisme vers 1860, et depuis, n'a pas cessé de produire. écrivain brillant, primesautier et incisif, il a touché à presque tous les genres littéraires, niais son principal titre de gloire est l'histoire du Canada, où il règne en maître.
M. Suite est employé au ministère de la milice, à Ottawa, depuis 1870. Le conte suivant est extrait de ses Mélanges d'histoire et de littérature, publiés en 1876.
Sous le régime français, il n'y eut pas d'organisation municipale, au sens où on l'entend aujourd'hui. Selon les époques, notre ville fut gérée par les gouverneurs particuliers, les intendants, les subdélégués des intendants ou les juges.
Mais comme la collectivité des habitants avait parfois besoin de quelqu'un pour veiller à l'intérêt commun et assumer des obligations au nom de tous, Louis XIV permit, dès 1644, aux colons de Ville-Marie et autres lieux, d'élire un représentant nommé syndic, qui resterait en fonction pendant trois ans consécutifs et ne recevrait aucun émolument.
C'EST LA FAUTE A PAPINEAU
Dans mon jeune âge, quelques vieillards chantaient encore une chanson dont le refrain fut très populaire. Je ne m'en rappelle que ce distique :
S'il y a trop de cahots
C'est la faute à Papineau.
Ce dernier vers devint presque proverbial, pendant longtemps. Il n'y a aucun doute que cette chanson n'est qu'un pastiche de celle dont monsieur Edouard Fournier, dans l'Esprit des autres, cite le couplet suivant :
S'il tombe dans le ruisseau
C'est la faute de Rousseau
Et si le voilà par terre
C'est la faute de Voltaire.
NOUS SOMMES DES ANGLAIS PARLANT FRANÇAIS
C'est au cours d'un banquet offert à Sir Georges-Cartier et à l'honorable Langevin, par les négociants de Québec, le 23 décembre 1869, que Sir Georges Cartier prononça ce mot devenu historique. Voici l'extrait qui le contient :
« Heureusement, nous avons en nous cet esprit nouveau qui a fait du Bas-Canada une province prospère de l'Empire Britannique. Nous ne sommes plus des Français ici, mais bien des citoyens anglais, parlant le français ».
Discours de Sir Georges Cartier.
Joseph Tassé
M. Philippe-Aubert de Gaspé est né à Québec, le 30 octobre 1786, Il fut avocat, puis shérif du district judiciaire de Québec. En 1861, il publia les Anciens Canadiens, que l'on considère comme le meilleur ouvrage de notre littérature sur les moeurs canadiennes d'autrefois. Ses Mémoires ont été publiés en 1866. Les contes que nous reproduisons ici sont extraits de ses oeuvres, très populaires en ce pays. M. de Gaspé est mort en 1871. Il est le véritable créateur du conte canadien, tel que compris de nos jours.