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Citation de Charybde2


J.D. – Avez-vous facilement localisé Pajarito de Soto ?
M. – Je le localisai, mais ce ne fut pas facile.
J.D. – Racontez-moi comment vous avez fait.

À quoi bon ? Ce furent de longues journées de marche fatigante, de conversations réticentes, de pots-de-vin infructueux, de planques épuisantes, de filatures sans but et stériles, jusqu’au moment où je trouvai enfin la bonne piste. Je voulais réussir à tout prix, non pas tant pour me faire bien voir de Cortabanyes que pour satisfaire Lepprince, dont l’intérêt pour moi m’ouvrait les portes sur des expectatives imprévues, sur des espérances insensées. Je voyais en lui une possible issue au marasme qu’était le cabinet de Cortabanyes, à ces longs après-midi monotones et improductifs et à cet avenir médiocre et incertain. Serramadriles était ma conscience, mon signal d’alarme lorsque mon courage tombait ou que je me laissais dominer par l’aboulie ou l’abattement. Il disait que Lepprince était « notre loterie », le client qu’il fallait choyer et satisfaire, avec lequel il fallait être empressé et utile jusqu’à l’obséquiosité, efficace en apparence et loyal par intérêt, quoi qu’il en coûtât. Il me brossait un avenir sordide et haïssable aux ordres d’un Cortabanyes de plus en plus vieux, de plus en plus irritable et de plus en plus abandonné par la fortune. Il me peignait au contraire un splendide panorama du côté de Lepprince, dans les hautes sphères de la finance et du commerce barcelonais, dans le grand monde, avec ses automobiles, ses fêtes, ses voyages, son vestiaire et ses femmes, de vraies fées, et un trésor en bon argent brillant, sonnant, de cet argent qui sortait des pores de cette bête rampante qu’était l’oligarchie catalane.
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