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Citation de Charybde2


Manoel Tourinhos est angolais. Blanc. Il a été militaire. S’est distingué comme tireur d’élite. La révolution a éclaté. Ses parents ont été assassinés. Il s’est enfui au Portugal. Et de là, il est parti pour le Brésil. Belém. A trouvé du travail dans un supermarché. Avec comme objectif de devenir gérant. C’était l’anniversaire de la mère d’un collègue. Il était invité. À Curralinho, sur l’île de Marajó. Des bateaux font la liaison. Ça va te plaire. La fête battait son plein. Il a dansé avec toutes les filles. Ana Maura lui a beaucoup plu, superbe, seize ans, dix de moins que lui. Fais bien attention. C’est ma sœur. Ma sœur unique. Avec la sœur d’un collègue, quoi ! Retour à Belém. Un jour férié. On repart pour Curralinho ? Allez. Elle le bombarde de questions. L’appelle Portuga. Le Portos. Je ne suis pas portugais, merde, je suis angolais. Oh, le grossier personnage ! Pardon. Ana Maura. Des heures à discuter au bord du fleuve. C’est déjà l’heure de rentrer ? Reviens vite.promis. Sur le bateau, il a dit à son ami qu’il voulait épouser sa soeur. D’accord. Si elle est d’accord, elle aussi. Et si elle ne veut pas ? Elle voudra, bien sûr qu’elle voudra ! Tu es très confiant. Ana Maura a accepté. Ils ne se sont plus lâchés. Ont arrêté une date de mariage. L’évêque de Breves est venu. Juan Lacuona, un Chilien. Manoel a pris une semaine de congés. Rien que du bonheur. Il lui a parlé de l’avenir. Qu’il deviendrait gérant. La maison louée. Le mobilier à acheter. Les enfants qu’ils auraient. À l’heure de quitter Marajó, des pleurs à n’en plus finir. Est-ce que sa cousine pouvait venir vivre avec eux ? Histoire qu’Ana Maura ne se sente pas seule dans une ville si grande. Ils ont emménagé. Ana Maura, un peu plus triste chaque jour. Sa mère qui lui manquait. Je peux lui rendre visite, ce week-end ? Allons-y ensemble. Au moment de repartir pour Belém, une nouvelle tornade de pleurs. Manoel s’est décidé. Reste à Marajó. Le temps de m’occuper de tout et je viens te rejoindre, on habitera ici. Plutôt ça que de voir ma femme triste à ce point. Il avait déjà compris qu’il manquait un grand magasin dans le coin, proposant de bons produits. Il a posé sa démission. Est parti sans rien demander au patron. Il a abandonné la maison. S’est débarrassé des meubles. Un mois plus tard, il est arrivé à Curralinho pour s’y installer. Son beau-père l’a aidé. Il a acheté un terrain au bord du fleuve. A construit une maison. Au rez-de-chaussée, le magasin et le stock. À l’étage, l’appartement. Manoel, c’est quoi ça ? Des armes. Et pourquoi est-ce que tu as ça ? Je les ai ramenées d’Angola. Ça date de mon passage dans l’armée. Et tu comptes faire quoi avec, tirer sur les gens dehors ? Pour l’amour du ciel, débarrasse-toi de ça. Je vais les mettre en lieu sûr, mon amour. Ne t’inquiète pas. Le temps a passé. Le couple charmait tout le monde. Toute l’île venait faire ses emplettes au magasin. Des ardoises au mur. Vous paierez plus tard. Le magasin, tout le monde l’appelait Chez le Portuga. La première grossesse qui se fait attendre. Patience. Ils ont vécu l’un pour l’autre. Vingt ans de bonheur. On a commencé à parler de la menace des ratos d’água, ces pirates de l’estuaire de l’Amazone. Leurs victimes s’épanchaient au comptoir du magasin. Et vous savez quoi ? Il a repris les armes. Fusil et revolver. Ça n’a pas plu à Ana Maura. C’est juste au cas où. Il les a nettoyées et huilées précautionneusement. Dieu fasse qu’il ne nous arrive rien, mais tu sais bien, dans le coin, il n’y a pas de loi.
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