Le miroir était en train de faire le point de ma situation. Si l'image frontale me rassurait, me disant que j'étais Olga et que, peut-être, je parviendrais au bout de ma journée avec succès, mes deux profils m'avertissaient qu'il n'en allait pas de même. Ils me montraient ma nuque, mes vilaines oreilles vives, mon nez légèrement arqué que je n'avais jamais aimé, mon menton, mes pommettes hautes et la peau tendue de mes joues, presque une feuille blanche. Je sentis bien que, sur ces deux demi-portions, Olga avait une marge de manœuvre réduite, elle était peu résistante, peu persévérante. Qu'avait-elle à voir avec ces deux images ? Le moins bon profil, le meilleur, la géométrie du dissimulé. Si j'avais vécu croyant être cette Olga frontale, les autres m'avaient toujours attribué la soudure mobile, incertaine, de mes deux profils, une image d'ensemble dont je ne savais rien.