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Citation de AnnadeSandre


Ce n'est pas facile à dire, mais si ma mère ne s'était pas chié dessus ce soir du nouvel an, dans un état d'ébriété avancé, au vu et au su d'une large assemblée réunie à l'occasion d'une fête mélancolique marquant la fin de l'année 1968, nous n'aurions jamais quitté Prague. Tandis que la plupart des familles de mes amis faisaient leurs bagages pour quitter le pays, ou, le plus souvent disparaissaient sans emporter trop de valises, de peur d'attirer des soupçons indésirables, mes parents refusaient de bouger, Russes ou pas Russes. Jusqu'à cette nuit de fête, où l'insupportable gêne de se retrouver soudain assise dans la petite mare brune de ses propres excréments obligea ma mère, ainsi que mon père et moi-même à sa suite, à quitter Prague par le premier train pour Vienne le lendemain matin, sans espoir de retour. Nos allégations, peu convaincantes il est vrai, consistant à plaider qu'elle s'était endormie et que ce n'était donc pas sa faute, ne firent aucune différence : perdre le contrôle de son propre corps était, à ses yeux, la pire faiblesse au monde. Personne n'oublierait jamais ce qu'elle avait fait ; elle était forcée d'émigrer.
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