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Citation de Woland


[...] ... La mère commet à présent l'erreur fatale comme chaque fois qu'elle est en colère et perd tout contrôle face à son fils de parler du camp de concentration, de l'enfant qui, croquant une pomme, fut lancé contre un mur jusqu'à ce que mort s'ensuive, son assassin finissant alors la pomme. D'enfants jetés par sadisme du deuxième étage. De la mère envoyée dans une chambre à gaz avec son nouveau-né de deux jours, parce qu'elle avait supplié le médecin de l'autoriser à accoucher avant. Permission accordée. Beaucoup de nos amis à ton père et à moi, hommes et femmes, ont aussi été décapités dans les locaux du tribunal. Je pense à eux sans cesse.
Et Hans de bâiller exagérément, il a entendu ça souvent et croit que les temps ont changé et avec eux les gens qui ont aujourd'hui d'autres soucis. Surtout les jeunes, auxquels l'avenir appartient et qui veulent participer en personne à sa réalisation.
Les deux camarades au cerveau encollé [deux jeunes membres du PC venus demander à Hans s'il veut les aider à coller des affiches pour le Parti] touillent, gênés, dans leur seau, la colle doit rester souple, et non durcir. Il lui faut donc une chaleur qu'elle ne trouve pas dehors mais uniquement dans le douillet réchauffement d'une cuisinière où elle est justement entreposée. Ils ne savent pas par quel bout prendre ce Hans, qui a l'air si sûr de lui, visiblement il a déjà été pris par d'autres qui l'utilisent à leurs propres fins. Dehors un vent glacial fouette une pluie glaciale à travers les rues, les arbres se ploient en boucles humides. Ce sont les forces de la nature. D'innombrables mains invisibles, issues du mouvement ouvrier, attrapent les deux jeunes gars au pot de colle et les poussent en avant afin qu'ils présentent des arguments à Hans. Effectivement leur bouche en produit quelques uns. Mais Hans ne les entend pas, n'ayant d'oreille que pour la voix en lui qui dit qu'il faut aller jusqu'aux racines de l'existence pour se comprendre soi-même, alors seulement on peut comprendre les autres. Si vous croyez pouvoir faire quelque chose pour les autres avant de bien vous connaître, vous êtes de fameux imbéciles. Car c'est la condition cinéquoinonne. Parfois on commet ainsi des actes qui au premier abord peuvent sembler insensés mais qui ne le sont pas, parce qu'ils sont pour vous de la plus haute importance. Mon nouvel ami s'appelle Rainer, il n'est pas sale comme nous. Ce qui est objectivement faux, car dans l'appartement Witkowski on vit dans la saleté, mais ce jeune homme aveuglé ne le voit pas. Qui est ce Rainer, demande la mère, qui a déjà posé la question une fois mais a oublié. Son père est un ancien SS aujourd'hui à la retraite et portier, répond Hans. Ses enfants vont au lycée avec Sophie, et moi je compte suivre les cours du soir. L'autre jour tu voulais devenir professeur de gymnastique. C'est fini, je vise plus haut. ... [...]
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