Tu n’iras pas en Amérique.Tu es bien
le fils de ton père.Retourne chez lui.Sois ce que tu es.
Elle lui tourne le dos et lentement,commence à remettre dans le coffre tout ce qu’elle en a sorti.Un cri terrible s’échappe des lèvres du garçon...frustration,chagrin,fureur contre lui-même.Puis,sans lâcher la dague,il s’enfouit.
Stavros reprend la route qui conduit à la ville.Le soleil se couche.Un tout jeune homme le suit, qui va bientôt le rattraper;il est d’une maigreur spectrale:c’est Hohanness Gardashian.Ses haillons sont saturés de poussière.Son visage resplendit d’espoir.
Hohaness dépasse Stavros .Puis il s’arrête par une quinte de toux d’une telle violence qu’il s’accroupit sur le bas-côté de la route en attendant qu’elle se calme.Stavros arrive à sa hauteur,Hohaness se retourne et tend une main en souriant:
Stavros n’est pas d’humeur à s’apitoyer sur quiconque;il secoue la tête presque méchamment et va son chemin.
Hohanness,derrière lui.-Ecoute-moi...je me souviendrai de toi.En Amérique,je prierai pour toi.
Stravos s’arrête net et se retourne.Hohanness est toujours accroupi sur le bas-côté de la route...
Sourire aux lèvres.Il tend la main derechef::
Stavros revenant vers lui.-Tu vas en Amérique...toi!
Hohaness.-Avec l’aide de Jesus.
Stravos.-A pied?
Hohaness.-N’importe comment.
Stavros.Et sans argent?
Hohaness.-j’avance un peu chaque jour.