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Citation de enjie77


Tout à coup un groupe de jeunes gens sortit en courant de la lourde bâtisse qui abritait les locaux de l'Université. Les boutons de leurs vareuses et la boucle de leurs ceinturons rutilaient au soleil. Tous portaient un brassard noir. Ils n'étaient pas plutôt apparus qu'un détachement de gendarmes à cheval déboucha de la rue qui faisait l'angle Vladimirskaïa, et les dispersa. Ma tante Assia me saisit par la main et me plaqua contre les grilles du square Nicolas-1er juste à temps pour m'éviter de rouler sous les sabots d'une bête : je sentis la chaude odeur poivrée de sa robe en sueur, l'éperon de son cavalier me frôla, son sabre accrocha la lumière. Puis tout rentra dans l'ordre.

Une fois notre peur calmée, elle s'assit avec moi sur un banc et m'expliqua que ces étudiants avaient tenté de manifester leur chagrin, malgré l'interdiction, à cause de la mort du comte Léon Tolstoï dont on avait appris le décès le matin même. Si je n'avais encore rien lu de celui que les Russes tenaient pour le plus grand romancier de tous les temps (j'étais sûre qu'il ne pouvait dépasser Dickens ni surtout Hugo dont Mademoiselle Rose me lisait en ce moment même "Les Misérables") et que l'Eglise orthodoxe, soutenue par le gouvernement, avait excommunié pour ses écrits subversifs, je savais que son nom faisait depuis une semaine les titres de tous les journaux et le sujet de toutes les conversations.
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