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Citation de MegGomar


Je pensais uniquement à la guerre telle que je
l’avais vue, sans batailles héroïques, rien que des
catastrophes. Je revoyais et entendais tout. Les bombes, les
avions ennemis volant au-dessus du fleuve, beaux dans le
ciel et mortels, le canon vrombissant comme le tonnerre qui
s’éloigne et se rapproche, l’abri puant l’acide phénique, la
poussière, le renfermé et la sueur, les klaxons des
ambulances, le passage incessant de blindés et de mules
chargées de provisions, les casques et les masques presque
plus asphyxiants que les gaz, les folles courses des rats,
l’avion autrichien abattu sur le pont et, sur le pont au
crépuscule, pareilles à des oiseaux de nuit, les capes
sombres des infirmières, les plafonds noirs de mouches qui
dévorent les blessés, les rats mangeant notre sucre, les
araignées, les punaises, les poux, les moustiques par milliers,
les grenades qui éclatent dans l’enceinte de l’hôpital, les
arbres en feu, les vitres brisées, le soldat privé de face, les
détonations, les éclairs, la peur, les chevaux morts, tous les
chevaux morts sous la pluie de la fuite, ces pauvres chevaux
innocents, forts et malchanceux. Je repensais à ma guerre,
celle que j’avais menée pour surmonter mon dégoût face à la
bouche qui vomit le cerveau, aux jambes et aux bras qui vous
restent dans la main après les amputations, à l’horreur des
plaies infectées et des os visibles sous les escarres, à la peau
racornie par les brûlures, à l’odeur de cadavre se dégageant
des corps en vie, à la puanteur d’égout imprégnant les draps,
aux insupportables gargouillements dans la gorge des
moribonds, aux gémissements sans fin.
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