AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de MegGomar


Tu sais, j’ai compris quelque chose lors de notre séjour sur
le Karst. Et quand je dis sur le Karst, tu sais ce que je veux
dire, tout ce rouge, cette boue et ce sang, tous ces liquides,
la pisse, le torrent de la diarrhée, les vomissures, les larmes,
toutes ces larmes et toute cette salive, encore du sang, puis
de la joie, toute cette joie, notre joie, voilà ce qu’était le
Karst. Et tous ces bruits, les explosions, les détonations des
canons, le tonnerre de la pluie, la pluie sur les vitres, l’eau
tombant dans les baquets, l’eau débordant des seaux et
atterrissant par terre, les seaux qui claquent, les hurlements,
les gémissements, les sanglots, toute la musique des pleurs,
les pleurs légers et les pleurs désespérés, les explosions des
grenades, la Marche funèbre de Chopin, les chansons
qu’entonnaient les blessés, les pas nocturnes dans la salle
commune, le vrombissement des camions et les
grognements des corps malades, le silence subit des
cadavres... Voilà, au cours de ces mois-là, j’ai compris une
chose. Tôt ou tard, la souffrance s’abat sur vous, elle vous
fait dégringoler ou vous paralyse comme une avalanche,
mais l’important survient ensuite. Ensuite, peu à peu, elle se
fraie un chemin en vous, elle se rend dans son pays, situé en
chacun de nous, le pays de la souffrance, elle provoque un
tremblement de terre, et toutes les autres souffrances
sursautent et chutent. Puis, une fois le tremblement de terre
passé, un nouvel élément apparaît dans le paysage, une
nouvelle montagne, une nouvelle rivière, il est là, il est là
pour toujours avec vous. C’est-à-dire maintenant avec moi.
Cette montagne, cette rivière, c’est toi maintenant.
Commenter  J’apprécie          00









{* *}