Elizabeth George

Il n'y avait rien. N'empêche, c'était bon d'avoir soif, se dit-il, résigné. La soif était comme les pierres pointues qui essayaient de transpercer les semelles de ses chaussures, comme le vent, comme la pluie.
Ces préoccupations matérielles le rappelaient à la réalité, quand ces rappels s'avéraient nécessaires.
Il se retourna vers le mer. Un surfeur solitaire dansait au large sur les flots, juste après les brisants. En cette saison, sa silhouette était entièrement vêtue de néoprène noir. C'était la seule manière d'apprécier l'eau glaciale.
Il ne connaissait rien au surf, mais il savait reconnaître un autre solitaire quand il en voyait un. Il n'était pas question ici de religion, mais tous deux se trouvaient seuls dans des endroits où ils n'auraient pas dû l'être, et dans des conditions très défavorables à leur entreprise. La pluie - à coup sûr imminente - allait rendre son parcours aussi glissant que dangereux. Quant au surfeur, c'était à se demander ce qu'il faisait là, au milieu des récifs.