Sujet réalisé dans le cadre de l'enregistrement de l'émission Fugues (France 3) consacrée au Libertinage et diffusée le 02 Mai 2009.
Des chants grégoriens ont accompagné mon plaisir, j'ai toujours eu l'art de mêler l'érotisme au religieux.
Tu sais, quand l’esclave n’a ni le droit de bouger, ni le droit de pleurer ou de rire, ni d’émettre le moindre son ou soupir… Les traits du visage doivent rester parfaitement immobiles, tout comme il faut que le corps nu demeure dans une position hiératique, choisie par le maître au départ ; beau, abandonné, ne devant se mouvoir qu’au gré des fantaisies, des sévices, supplices ou caresses les plus outrées, les plus insistantes de celui qui y règne en maître absolu.
Nous ne manquons jamais d’imagination, et nos attouchements ne sont que superbes raffinements, des frôlements du bout des doigts qui se font aériens, évanescents, mais tellement pénétrants ; des doigts fins, graciles, qui fouillent l’intérieur du corps de l’Autre avec une telle adresse, une infinie douceur.
Supplice et jouissance du supplice…
Entre nous, cela se passe d’abord au niveau des yeux : les yeux dans les yeux, les yeux brillants, puis cela descend tout doucement vers la bouche, qui frémit.
Nous avons le sourire aux lèvres. Enfin le baiser arrive d’une seule traite comme on avale un verre d’eau fraîche, baiser violent et brutal, très appuyé ; puis les lèvres se desserrent légèrement, s’entrouvrent et nos langues se happent l’une l’autre comme des sangsues ; je sens ses bras autour de mon cou, de mes épaules, ses bras longs comme des ramilles qui n’en finissent pas de m’enlacer ; nous sommes plaqués l’un contre l’autre.
C’est l’étreinte, l’étreinte somnambulique…
De cela, je ne saurais plus me passer…
Les femmes sont des amies, des consolatrices, des figures mythiques avec lesquelles les actes sexuels ont des valeurs de représailles, de libération à l’égard du mâle devenu le spoliateur, le geôlier. Ce qui arrive souvent dans la vie d’une femme…
Prends mon corps sensible, touche-moi par-dessus mes vêtements : j’aime les caresses qui font du bruit, le bruit de l’étoffe frottée sur la peau érotisant l’oreille aux aguets. Voilà ! mon corps se réveille, triomphant de plaisir…
Mets tes mains entre mes jambes : c’est tout de suite la volupté, celle qui me fait béate. Puis allonge-moi sur le côté dans tes draps bleus salis par le sperme perdu de tes pollutions nocturnes et solitaires. J’aime m’y vautrer, très excitée, en savourer ce qu’il en reste, renifler en catamini les odeurs douteuses de ton lit défait, à l’ombre des lourds rideaux qui ne laissent passer aucun rai de lumière.
La force du toucher, la puissance du toucher ; l’instinct, la sensation du ressentir… de l’Autre ; et la force des mots, cette même violence dans les mots que tu as osé dire. Ces mots qui sonnent, qui brûlent les lèvres, ces mots qui déshabillent et qui soulagent.
La jouissance ne leur est pas étrangère. Ils sont la tentation.
Femme, Femelle, certes, mais aussi délicate et tendre… Je ne me risquerai plus dans ton cauchemar, à moins que je n’y revienne.
Le désir ayant trépassé, je me sens putride, prise de panique et de l’envie de t’échapper, dépourvue de toute émotion.
L’excitation grandissait, devenait torturante. J’avais envie de te prendre là avec violence, de lacérer les vêtements qui encore te recouvraient, sans égards pour celles qui nous entouraient.