La jeune auteure se présente ainsi que son livre 'Elle' Présentation réalisée par 'Sherry Publishing'
Le pire pour moi, c’est de donner sans recevoir. C’est dur, vous savez ! Même pour son enfant. Jamais un je t’aime, un petit merci. Quand je lui fais un bisou le soir, elle regarde au plafond. J’ai tellement besoin qu’on m’aime, docteur, et ça depuis toute petite. Je ne vais pas tenir. Heureusement que vous êtes là, je me sens moins seule. De son père, pas de nouvelles, évidemment. C’est trop difficile pour lui, soi-disant. Le pauvre ! Et pour moi, c’est pas trop pénible peut-être ! Qui pense à moi ?
L’adoré se pare de mille couleurs. À côté, le conjoint fait pâle figure, évidemment. Relégué en zone grise. On ne le voit plus. On ne l’entend plus. On jurerait qu’il n’a aucun attrait, quand c’est notre regard qui ne sait plus voir, nos oreilles qui ne savent plus écouter, notre cœur qui ne sait plus s’ouvrir et notre amour qui ne sait plus s’émouvoir. Hélène n’existe plus pour vous, Paul, n’est-ce pas ?
Regarder seule fleurir les jonquilles et pousser les bourgeons la rend triste. Pour cette fille généreuse, il n’est de bonheur que partagé. Elle se console en mangeant des gâteaux, se déprime en se voyant grossir. Son enthousiasme à venir travailler s’émousse.
L’affaire des roses n’arrange rien.
Elle était jolie, avec des yeux sombres, un regard doux et un sourire flottant toujours au coin des lèvres. Sam savait qu’elle fixait l’inconnue, mais elle ne détourna pas le regard pour autant. L’autre ne se sentait de toute évidence pas observée et elle décida d’en profiter pleinement.
Des nuits avec des jolies filles, elle en avait passé des dizaines dans sa vie. Mais pour une raison quelconque, elle savait que cette femme n’aurait jamais fait partie de ses conquêtes d’un soir si elles s’étaient rencontrées dans d’autres circonstances. Elle n’aimait sûrement même pas les femmes, mais c’était autre chose qui la faisait penser ainsi. Quelque chose dans le regard qui l’attirait plus que de la passion pure.
Elle avait à peine pris le temps de le décorer lorsqu’elle avai t emménagé quelques années auparavant, comme si elle s’apprêtait à prendre la fuite à tout moment. Elle n’avait jamais essayé de personnaliser les lieux ou de s’installer réellement. C’était simplement un endroit où elle pouvait dormir et reprendre des forces, un toit au-dessus de sa tête. Rien de plus. C’était déjà bien. Bien mieux que ce par quoi elle était déjà passée, malgré son jeune âge. Au moins, elle ne mourait ni de froid ni de faim. Le loyer était abordable et elle avait un endroit chauffé où elle pouvait se réfugier après de longues heures de travail. C’était tout ce dont elle avait réellement besoin.
C’était son anniversaire. Et elle détestait cette date. La plupart des gens aimaient célébrer cette fête, entourés de leurs amis et de leur famille. Cela signifiait très souvent des rires, des cadeaux, des souvenirs à partager. Mais Sam Handerson n’avait personne, personne pour lui sourire ou lui montrer une petite attention. Elle était seule au monde, elle l’avait toujours été. Et cette date constituait un cruel rappel que, si personne ne comptait dans sa vie, elle ne comptait dans la vie de personne non plus. Elle avait vingt-six ans, ce jour-là. Et, d’aussi loin qu’elle s’en souvienne, elle n’avait jamais pu faire confiance qu’à elle-même.
Elle devait gagner la confiance du dealer et elle avait besoin de toutes ses ressources pour ne pas griller sa couverture. Le meilleur moyen pour qu’il se confie à elle était de jouer un rôle et elle ne pouvait pas se permettre de craquer.
Je suis un homme à femmes égaré dans le mariage, un citadin exilé en Beauce et un intellectuel exerçant le métier improbable de représentant en équipements sanitaires. Autrement dit, un Shakespeare des bidets ! Toute une vie à l’envers par flemmardise scolaire et pour l’unique maladresse d’un soir de vacances. Avec son plein consentement, je trousse une belle fermière (ma future femme). Elle tombe enceinte. Dans ma morale de gentleman « non farmer », on ne se défile pas ! Je l’épouse. Depuis, je maîtrise l’art de la non-éjaculation précoce, mais il est trop tard. C’est l’assumoir. Ma femme n’aime que les bêtes. Je n’aime que les femmes.
Camille ne peut pas aimer son mari, sinon que ferait-elle avec lui ? Et Céleste ? Quelle drôle de gamine, si renfermée, si aiguisée ! Parfois il croise son regard, elle semble avoir tout vu, tout entendu, tout jugé aussi. Une telle maturité, chez une enfant si jeune, a quelque chose d’effrayant. On ne sait pas ce qu’elle pense. Devant elle, il se surveille. Il doit la surestimer… Ne pas y penser ! Aller travailler. C’est encore ce qu’il fait de mieux. Il regarde sa montre. Il est presque 8 heures. Ses malades l’attendent !
« Je n’ai jamais trompé ma femme. Je ne suis pas ce genre d’homme. Surtout pas dans l’exercice de ma profession. Dès que je pose mon stéthoscope, je ne pense plus qu’au nombre de pulsations cardiaques à la minute. J’ai toujours su résister aux avances. En plus de vingt ans de pratique, il y en a eu, forcément. Un docteur est aussi un confident, presque un ami. Je n’ai jamais ne serait-ce qu’entrouvert la porte. En termes de santé, je connais les ravages de l’infidélité : maladies, dépression, addictions…