Elodie Loustau

« Au bout de cette corde, je vois ta lueur. La peur du creux. Peur accrochée à ta rage. Ventre ouvert à l'incertitude.
La lumière dans l'éclatement de la parole.
(…)
Creuser l'intime l’aniline du sens
(…)
viens dans mon soleil.
(…)
Dans la nuit des grands silences, je te couvrirai de sels et de peaux. Etirerai un à un les fils de lumière, de mes cils embrumés à tes lèvres. De mon ventre hurlant, à tes yeux. Je verserai en chacun de mes sourires, ces gouttes bleues, puisées dans ton sillage.
(…)
brûler le souffle
(…)
il voit une bouche
une bouche sans lèvres

décentrée
son immobilité le poursuit
(…)
Avec mes dents je veux casser la parole enfouie. Devenir main qui écrit. Je vois derrière le masque son œil qui ne veut plus.
(…)
Je veux me séparer de cette bouche

qui ne dit plus.
(…)
le visage
sans forme
mangé de solitude

la langue coupée dans la bouche

il entend des sons de salive
dépourvus de sens
des sons qui suintent
(…)
Le rien de la langue qui, si fort serre se plie, à l'encre du dire.
(…)
La bouche ne peut plus dire
elle se relie à la main, qui tremble
il voit les doigts secs se replier sur la jupe
il voit (…)
Dans le vide de la chair. Il a regardé.

Il n'a pourtant pas vu, la disparition de la peau l'écroulement.
(…)
saisir

l'humanité
dans la
fissure
(…)
J'ai froid les yeux sous le soleil qu'ils brûlent et me laissent à moi-même présente je veux rester dans l'oubli dans le mot derrière la nuque.
Il faudrait (…)
de l'effondrement du doute
repeindre la marche
(…)
ses mains pince la jupe
c'est l'instant où elle disparaît »