AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Charybde2


Tsahal excelle alors dans l’attaque éclair « incapacitante », qui désorganise et désoriente l' »ennemi », le choque, et dans la concentration des actions offensives qui neutralisent son centre vital à l’aide d’unités, désormais non mixtes, surentraînées au combat au corps à corps, aux dépens d’une conception plus classique de la défense statique sur une ligne de front. Malgré sa réputation d(armée « bricolée », « improvisée », Tsahal expérimente, dans le cadre d’une politique de colonisation, une stratégie militaire de l’autodéfense inédite, en passe d’être labellisée et exportée comme l’une des tactiques contre-insurrectionnelles les plus efficaces au monde. Peu importe qu’il s’agisse d’appliquer ces principes à un individu, à un groupe, à une milice ou à une armée, à des civils ou à des militaires, aux « violences sexuelles », à la « délinquance » ou au « terrorisme », le principe est le même : Israël devient un modèle opératoire de « société de sécurité », à partir d’une expérience paramilitaire de techniques d’autodéfense bientôt érigées en principe d’une civilité sécuritaire.
Dès 1949, le terme de krav maga (« combat rapproché ») apparaît et est utilisé en même temps que Kapap (« combat en face-à-face »). En 1953, Imi Lichtenfeld est l’un des initiateurs d’une codification du système de combat à mains nues à partir de trente-cinq techniques de base – dont le principe est qu’elles soient constamment renouvelées, testées, adaptées à l’actualité des situations. En 1958, il devient chef instructeur militaire de krav maga. Le krav maga s’est définitivement imposé comme l’appellation officielle du système de combat défensif au sein de Tsahal – faisant de cette armée un produit d’exportation rentable. En 1964, Lichtenfeld quitte l’armée et fonde le premier club civil de krav maga à Netanya, poursuivant son travail d’élaboration des principes de base que l’on peut analyser selon quatre exigences majeures : adaptabilité (situation/contexte), efficacité (défense), universalité (pratiquant.e.s), diffusion (culture nationale). À partir des années 1980, le krav maga sera plébiscité dans le monde entier comme l’un des systèmes de combat défensif à mains nues considéré comme le plus « réaliste », mais aussi l’un des produits made in Israël parmi les plus rentables. Mais le krav maga est aussi bien plus que cela : une pratique de soi, une pratique citoyenne, une culture nationale, dans un contexte où sa généralisation entretient un monde où le krav maga s’impose comme le seul mode d’être possible. Son succès actuel ne s’explique pas seulement par le fait d’une technique réputée la plus opératoire, la plus « réaliste », pour se défendre. Ce qui se joue en vérité avec sa diffusion, c’est la généralisation d’une culture défensive qui transforme la société civile elle-même, le monde vécu de chaque individu. Si le krav maga est une technique de combat « réaliste », c’est au sens où elle produit un réel dans lequel elle se présente comme la seule posture viable possible.
Commenter  J’apprécie          10





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}