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Citation de MegGomar


Mais est-ce que tu as vraiment voulu savoir ? Tu as accepté la version
d’Alfonso sur la mère : une de ces femmes qui ne savent même pas ce
qu’elles font quand elles engendrent, et qu’il vaut mieux pour tous ne pas
connaître.
Et de fait, pendant toutes ces années Eduardo n’a jamais fait, devant
Alfonso, allusion à l’origine de Luz.
Mais maintenant, alors que tu roules très vite, tu sens de nouveau le
poids malodorant de cette histoire rongée par le mensonge, l’impunité. Tu
te replonges dans cette nuit à la clinique où tu as entrevu que ce malaise
dans ton corps et dans ta conscience ne serait pas facile à extirper. Il y avait
eu des périodes, les premières années de la petite, où tu ne ressentais ce
malaise que par intermittence, mais avec quelle intensité. Puis tu t’es laissé
porter par le bonheur : ce plaisir que te donnait ta fille jour après jour, ce
bien-être partagé avec elle et Mariana. Mais après ce que t’a dit Dolores, tu
laisses croître ce malaise, tu lui permets de s’installer dans ton corps, dans
ta tête, parce que tu sais confusément que tu le mérites, et tu revis ce que tu
as ressenti la première nuit où Mariana est tombée dans le coma.
Peut-être que si Mariana s’était demandé, comme Eduardo l’avait craint
au début, pourquoi Luz était si blonde, pourquoi elle avait les yeux si clairs,
alors qu’elle et lui ont les cheveux châtains et les yeux foncés, il se serait
inquiété. Mais Mariana n’avait jamais eu le moindre doute sur sa fille. Et
tout le monde s’était comporté avec un tel naturel que depuis des années tu
ne te poses plus de questions, comme si tu avais oublié que Luz n’est pas ta
fille.
Tu as voulu oublier. Tu aimes tellement Luz, tu la sens si tendrement
tienne qu’il t’est difficile de te souvenir qu’elle n’est pas du même sang que
toi.
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