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Citation de MegGomar


Ils ont recouvert son cercueil d’un drapeau. Je ne connais pas ce monstre
en uniforme qui est en train de parler. Je ne veux pas l’écouter. La main de
maman serre la mienne, et la colère qui monte en moi aux paroles de ce fils
de pute menace la douceur de ce contact entre sa main et la mienne. Maman
m’aime, sinon elle ne chercherait pas ma main en ce moment. Elle se
détache de moi et, avec sa mère et ses sœurs, s’avance vers le cercueil. Elle
pleure, accablée. Je regarde ces quatre femmes devant le cercueil. Elles ont
la chance de savoir que dedans repose le corps d’un père et d’un mari.
Combien sont-ils, dans ce pays, qui n’ont pas eu la possibilité de faire leurs
ultimes adieux aux êtres qu’ils aimaient à cause de ce salaud, là-dedans,
couvert d’un drapeau ? J’observe les autres, au garde-à-vous, tout fiers dans
leur uniforme. Comment osent-ils s’exhiber dans cet accoutrement après ce
qu’ils ont fait ? Pourquoi, eux, personne ne les tue ? Pourquoi n’y a-t-il
personne ici pour les insulter ?
Ils sont en train de descendre le cercueil à l’aide de chaînes. Les fers des
prisonniers faisaient-ils le même bruit ? Alfonso, je suis heureuse que tu
sois mort et que je n’aie plus jamais à te revoir. Ordure, assassin, salaud.
Ces insultes avec lesquelles je lui fais mes adieux, au son des pleurs de sa
famille, me provoquent une joie nauséeuse. Le cercueil a maintenant
disparu. Maman s’approche de moi et me prend dans ses bras. Je ne pense
pas à ce qu’était Alfonso, je pense seulement que le père de ma mère est
mort, qu’elle souffre et qu’elle a besoin de moi.
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