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Citation de AuroraeLibri


A la suite de ceux qui seront, jusqu'à la fin et à travers les épreuves, des amis fidèles, peut-être faut-il évoquer déjà des adversaires aussi constants. Certains sont attendus et ils prendront, en cours de route, des identités diverses : tous les tenants de la tradition, théologiens ou représentants de l'autorité hiérarchique. Mais, selon une règle commune, les plus hostiles seront les plus proches : ils se disent, entre modernistes et conservateurs, "progressistes", ils souhaitent eux aussi renouveler les sciences religieuses selon les exigences des méthodes nouvelles, mais ils estiment leurs efforts compromis par les témérités de Loisy, ils se refusent à être confondus avec lui et ils s'en démarqueront avec d'autant plus de vigueur. Leur situation est d'ailleurs difficile puisqu'ils doivent combattre sur deux fronts. Les deux plus importants appartiennent à la même génération que lui et il les retrouvera souvent sur son chemin.
L'aîné -il est né en 1855 -Albert (en religion Marie Joseph) Lagrange, a déjà posé les bases de sa carrière scientifique. Entré dans l'ordre de saint-Dominique, il s'y est initié au thomisme, puis aux langues sémitiques. Il a été envoyé, en 1890, à Jérusalem pour y créer une Ecole pratique d'études bibliques et a fondé deux ans après la Revue biblique. Son biographe le plus autorisé (Bernard Montagnes), tout en soulignant que son originalité "est d'avoir tenu ensemble la fidélité aux exigences de la science comme aux enseignements de l'Eglise catholique", rappelle que, tout au long de sa carrière, il n'a jamais "joui d'une entière liberté de recherche: harcelé par des polémistes soupçonneux, bridé par des censeurs opportunistes, voire désavoué publiquement par les autorités romaines". De quatre ans plus jeune que Loisy, Pierre Batifol, qui s'était lié d'amitié avec Lagrange dès leurs années communes de séminaire à Issy, fut du petit groupe de jeunes disciples que Duschesne avait formé autour de lui à l'Institut catholique et aux Hautes Etudes. Loisy, qui l'y rencontrera alors, jugeait qu'il était "timide par nature et craignait de se compromettre". Il semble bien que, historien scrupuleux et ouvert, il soit toujours resté conservateur en matière philosophique et théologique. Il participa à la fondation revue biblique et continua d'y jouer un rôle important, mais sa spécialité propre était l'histoire de l'Eglise dans les premiers siècles et la liturgie. Désigné, en 1891, comme recteur de l'Institut catholique, il devait y fonder, en 1899, le Bulletin de littérature ecclésiastique qui se montra toujours "vigilant" à l'égard de Loisy (celui-ci parlera souvent du "groupe de Toulouse", y associant Lagrange et Batiffol). Lui-même cependant n'échappera pas aux censures : en 1907, son livre sur l'Eucharistie sera mis à l'Index et il devra abandonner son poste de recteur pour reprendre à Paris la charge d'aumônier de l'école Sainte-Barbe, qu'il avait déjà occupée quand Péguy y était élève.

2. Tribulations et retraites
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