AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782204068956
196 pages
Le Cerf (21/03/2002)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :

Cette biographie prend en compte non seulement la quinzaine d'années où Loisy fut au coeur des débats sur l'exégèse biblique après la parution de L'Évangile et l'Église, en 1902, mais aussi toute une vie de recherches pour tenter de concilier la tradition de l'Église avec les exigences de l'esprit moderne. Émile Goichot utilise les textes autobiographiques de Loisy pour faire le récit de cette grande aventure intellectuelle dans laquelle les amitiés occu... >Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Alfred Loisy et ses amisVoir plus
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Amorcée en 1898 par quelques pages dans un bulletin confidentiel, longuement mûrie les dix années suivantes pour aboutir à deux gros volumes, son oeuvre majeure, The Mystical Element of Religion as Studied in Saint Catherine of Genoa and her friends, déploie les amples perspectives de sa pensée. C'est d'abord une sorte de Discours sur l'histoire et la religion universelles, dans le style des grandes philosophies synthétiques du XIXe siècle (Hegel, Auguste Comte...) et qui comme elles s'organise en triades : trois forces maîtresses de la civilisation occidentale, trois âges dans le développement religieux de l'individu et -ce qui nous intéresse plus directement- trois éléments de la religion : institutionnel, intellectuel, mystique, entre lesquels le christianisme catholique -et c'est ce qui constitue sa supériorité-, réalise un équilibre harmonieux. Mais, à propos de Catherine de Gênes -Catherine Fiesca Adorna (1147-1570)-, il aborde aussi, pour les traiter sans faux-fuyants, les problèmes que pose l'expérience mystique à l'esprit moderne : examen critique des documents et des sources littéraires, manifestations pathologiques (en particulier symptômes hystériques), portée théologique de ses visions où le purgatoire tient une grande place, mystique chrétienne et mystiques "naturelles" (dans d'autres religions ou d'autres cultures). Un bon juge, William Temple, archevêque anglican de Cantorbéry, dira après la mort du baron que "c'est l'ouvrage de théologie le plus important écrit en langue anglaise durant le dernier demi-siècle. Sa grandeur, comme toute grandeur véritable dans ce domaine, consiste dans la combinaison de qualités habituellement disjointes. C'est un chef-d'oeuvre d'étude critique détaillée et cependant une présentation majestueuse de principes fondamentaux. C'est un exemple pénétrant d'analyse psychologique mais en même temps un monument de philosophie constructive."

2.Tribulations et retraites
Commenter  J’apprécie          10
A la suite de ceux qui seront, jusqu'à la fin et à travers les épreuves, des amis fidèles, peut-être faut-il évoquer déjà des adversaires aussi constants. Certains sont attendus et ils prendront, en cours de route, des identités diverses : tous les tenants de la tradition, théologiens ou représentants de l'autorité hiérarchique. Mais, selon une règle commune, les plus hostiles seront les plus proches : ils se disent, entre modernistes et conservateurs, "progressistes", ils souhaitent eux aussi renouveler les sciences religieuses selon les exigences des méthodes nouvelles, mais ils estiment leurs efforts compromis par les témérités de Loisy, ils se refusent à être confondus avec lui et ils s'en démarqueront avec d'autant plus de vigueur. Leur situation est d'ailleurs difficile puisqu'ils doivent combattre sur deux fronts. Les deux plus importants appartiennent à la même génération que lui et il les retrouvera souvent sur son chemin.
L'aîné -il est né en 1855 -Albert (en religion Marie Joseph) Lagrange, a déjà posé les bases de sa carrière scientifique. Entré dans l'ordre de saint-Dominique, il s'y est initié au thomisme, puis aux langues sémitiques. Il a été envoyé, en 1890, à Jérusalem pour y créer une Ecole pratique d'études bibliques et a fondé deux ans après la Revue biblique. Son biographe le plus autorisé (Bernard Montagnes), tout en soulignant que son originalité "est d'avoir tenu ensemble la fidélité aux exigences de la science comme aux enseignements de l'Eglise catholique", rappelle que, tout au long de sa carrière, il n'a jamais "joui d'une entière liberté de recherche: harcelé par des polémistes soupçonneux, bridé par des censeurs opportunistes, voire désavoué publiquement par les autorités romaines". De quatre ans plus jeune que Loisy, Pierre Batifol, qui s'était lié d'amitié avec Lagrange dès leurs années communes de séminaire à Issy, fut du petit groupe de jeunes disciples que Duschesne avait formé autour de lui à l'Institut catholique et aux Hautes Etudes. Loisy, qui l'y rencontrera alors, jugeait qu'il était "timide par nature et craignait de se compromettre". Il semble bien que, historien scrupuleux et ouvert, il soit toujours resté conservateur en matière philosophique et théologique. Il participa à la fondation revue biblique et continua d'y jouer un rôle important, mais sa spécialité propre était l'histoire de l'Eglise dans les premiers siècles et la liturgie. Désigné, en 1891, comme recteur de l'Institut catholique, il devait y fonder, en 1899, le Bulletin de littérature ecclésiastique qui se montra toujours "vigilant" à l'égard de Loisy (celui-ci parlera souvent du "groupe de Toulouse", y associant Lagrange et Batiffol). Lui-même cependant n'échappera pas aux censures : en 1907, son livre sur l'Eucharistie sera mis à l'Index et il devra abandonner son poste de recteur pour reprendre à Paris la charge d'aumônier de l'école Sainte-Barbe, qu'il avait déjà occupée quand Péguy y était élève.

2. Tribulations et retraites
Commenter  J’apprécie          00
Mais le fruit principal de la retraite de Neuilly est ailleurs. Le 15 septembre 1896, il écrivait au baron von Hugel que le catéchisme de perséverance qu'il dispensait aux jeunes filles lui avait "donné l'idée d'une exposition générale de la doctrine catholique à l'usage de cette fin de siècle, quelque chose de sensé pour tout le monde et de réconciliant pour les gens du dehors". Il pensait trouver des éléments utiles "dans certains écrits de Newman" qu'il ne connaissait encore que "par des extraits d'un livre sur le développement doctrinal où il y a de bons pricipes" et priait le baron de lui fournir ses livres. celui-ci s'exécuta avec empressement. Cette découverte de Newman va jouer un rôle essentiel. Elle ne fait pas de Loisy un disciple du cardinal anglais, qui aurait certainement désavoué la plupart de ses idées. Il trouve cependant en lui un garant, au moins partiel et provisoire. Il donnait l'exemple d'un penseur longtemps marginalisé, soupçonné de "libéralisme" et de complaisance aux idées modernes, mais finalement -de façon bien tardive sans doute- objet d'une reconnaissance officielle. Figure éminente de l'Eglise anglicane, leader incontesté en son sein du Mouvement d'Oxford, le catholicisme aurait dû se glorifier de sa conversion; il n'y a connu pourtant que déboires, échecs, désillusions, jusqu'à ce que Léon XIII, en lui conférant la pourpre cardinalice, lui offrît une éclatante réparation. Loisy (...) s'attacha surtout à l'oeuvre la plus célèbre et la plus controversée, celle même qui avait conduit Newman au terme de son évolution vers l'Eglise romaine, l'Essai sur le développement de la doctrine chrétienne. Ces "nouveautés" dogmatiques qu'anglicans et protestants reprochaient au catholicisme d'avoir introduites dans la foi primitive, il montrait qu'elles étaient des développements légitimes du dépôt révélé : croissance plutôt qu'évolution au sens de la science contemporaine, explicitation de l'implicite, de ce qui était en germe dès l'origine. Loisy ne s'attarda pas à ces nuances; cela seul lui importait q'une autorité théologique reconnue ait montré que les dogmes n'étaient pas immuables.

2.Tribulations et retraites
Commenter  J’apprécie          00
Ses leçons -sur les mythes babyloniens et le premier chapitre de la Genèse, et l'année suivante sur les paraboles de l'Evangile -attirèrent au début un certain nombre d'ecclésiastiques. Parmi eux, un jeune jésuite dont l'amitié allait devenir, comme il écrira beaucoup plus tard au terme de leur long compagnonnage, "l'honneur" de sa vie, sa "plus grande récompense".
Le P. Henri Bremond avait alors trente-cinq ans. Originaire d'Aix-en-Provence, orphelin de bonne heure, il était entré à dix-sept ans au noviciat de la Compagnie de Jésus. Celle-ci, à la suite des mesures contre les congrégations, avait dû déplacer ses maisons de formation à l'étranger. Il va donc partager ces années d'apprentissage entre l'enseignement dans les collèges en France et ses études en Angleterre. Si la sécheresse et l'abstraction des cours de théologie le rebutent, il découvre une autre culture -il restera imprégné de littérature et d'abord de poésies anglaises- et un nouvel univers religieux, moins figé, moins monolithique que le français : Newman en premier lieu et le mouvement d'Oxford, mais aussi la glorius comprehensiveness de l'Eglise anglicane, la coexistence en son sein des idées et des sensibilités, la diversité des courants sur ses bords ou dans ses marges, jusqu'aux plus libéraux. Revenu à Aix, en 1897, pour ce "troisième an" qui clôt la longue formation des jésuites, il s'y lie avec le philosophe Maurice Blodel, se proclame son disciple, devient l'un de ses familiers. Commence dès lors de prendre forme ce qui sera "un des soucis et une des ambitions de (s)a vie", une "enquête sur le sentiment religieux", son authenticité et ses faux-semblants, sa fréquente absence dans les monuments ou les manifestations qui lui semblent consacrés, les lieux inattendus où parfois il se cache. "Cette enquête, avoue-t-il, devient de plus en plus personnelle. c'est moi que je veux éclairer par ce sondage dans tant d'âmes différentes."

3. Aux origines de la "Guerre de sept ans".
Commenter  J’apprécie          00
Deux problèmes déjà le préoccupaient, qui seront au centre des prochains débats. Celui de "la science du Christ" d'abord : a-t-il suivi le développement naturel de l'esprit humain, comme semble le suggérer l'évangile de Luc : "Et Jesus proficiebat sapientia et aetate et gratia apud Deum et homines"? ou bien, comme le soutenait la théologie traditionnelle, dès l'origine connaissait-il toutes choses, passées, présentes et futures, de cette scientia visionis qui est le propre de la nature divine ? Et d'autre part le problème de l'historicité de la Genèse et plus gobalement l'attribution à Moise de la rédaction du Pentateuque, les cinq premiers livres de la Bible. Il résumait dans ses notes intimes la conviction à laquelle il était arrivé, que "le Pentateuque n'est pas, dans son état actuel, l'oeuvre de Moise, mais une compilation faite plus tard; que la Genèse ne donne pas l'origine scientifique du monde, que la division en six jours de 24 heures ne répond pas à la réalité des choses, qu'il ne faut pas prendre à la lettre le récit de la chute, la longévité des patriarches anciens, l'universalité du déluge, qu'il y a des inexactitudes historiques; que les auteurs se sont inspirés de récits qui couraient dans leur pays d'origine tout en leur enlevant leurs caractère polythéistes et en les nettoyant de leurs impures scories". Il tenait enfin pour "l'inspiration restreinte", c'est-à-dire que l'Ecriture n'est inspirée par Dieu qu'en ce qui touche à la religion, à la foi et aux moeurs, non pour les questions profanes, de science ou d'histoire. Il est dès lors convaincu que "le seul moyen d'empêcher de faire de la mauvaise critique, c'est d'en faire de la bonne".
Si elles peuvent paraître aujourd'hui banales, ces positions -fort proches, on l'aura remarqué, de celles de Loisy- étaient alors singulières (dans tous les sens du terme : isolées, à contre-courant, mais aussi scandaleuses) chez un évêque.

2. Tribulations et retraites
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : religionVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (2) Voir plus



Quiz Voir plus

Jésus qui est-il ?

Jésus était-il vraiment Juif ?

Oui
Non
Plutôt Zen
Catholique

10 questions
1833 lecteurs ont répondu
Thèmes : christianisme , religion , bibleCréer un quiz sur ce livre

{* *}