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Citations de Emile Nourry (39)


... La vision du monde des âmes n'est pas le fruit d'un véritable voyage dans cet au-delà, dont nous continuons à tout ignorer, mais le produit d'un cerveau particulièrement préparé ou organisé. Les narcotiques ont joué jadis un large rôle et le jouent encore chez les demi-civilisés. L'entrainement ascétique, avec l'affaiblissement psychique et l'excitation nerveuse qui en résultent, constitue la grande source des visions sincères. Mais il n'y a pas qu'une préparation du terrain, il y a aussi celle du contenu des visions. Chose remarquable, la méditation, qui contribue puissamment à modifier l'organisme, et surtout le psychisme, fournit aussi la matière des songes du sommeil et des visions de l'extase. Et, d'autre part, elle-même ne fait qu'utiliser des souvenirs, tous puisés dans l'enseignement religieux ou la lecture de la vie des saints.
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Cette recherche n'aura pas été vaine si elle a mis en lumière les liens profonds qui unissent les religions vivantes aux religions mortes. Les pratiques bouddhiques ne sont en l'occurence que des survivances vishnouïtes et les reliques du Bouddha les reliques d'un passé plus lointain ; elles nous font remonter jusqu'aux vieux cultes naturalistes primitifs ou l'animal, l'arbre et le soleil étaient de véritables êtres divins.
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Les corps des fondateurs de religions et des réformateurs religieux furent souvent l'objet d'un culte. Cependant quelques-uns d'entre eux tels Numa, le Christ ou Mahomet sont partis pour le séjour des dieux en corps et en âme, ne laissant presque rien de leur personne corporelle à leurs adorateurs, sauf quelques menues misères : barbes, cheveux, ongles et dents.
Mais ils avaient eu une garde-robe, des objets ménagers ou des objets de dévotion, une habitation. Il restait en certains lieu des arbres, des pierres ou des édifices témoins de leurs miracles ou de leurs bienfaits, ce furent autant de sources de reliques. On en trouve parfois de singulières. Ne put-on pas contempler pendant plusieurs siècle après sa mort l'ombre de Bouddha ? Hiouen-Tsang raconte, en effet, qu'il visita deux places où, dit-on, Bouddha aurait laissé son ombre lumineuse...
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Sous la domination romaine, les cités de la Gaule avaient toutes leur déesse ou leur génie : Bibracte sa "Dea Bibracta", Nîmes sa "Nemausis", Bordeaux sa puissante "Tutela", Besançon son génie "Vesontio". Nos antiquaires de l'avant-dernier siècle ont trouvé une inscription : "Genio Arvernorum", au Génie de l'Auvergne. Ces génies et ces déesses n'étaient que des adaptations ou des romanisations des fées et des esprits celtiques. Les uns et les autres devaient disparaître devant la foule des saints apôtres et des saints patrons des villages et des villes.
Les fées furent surtout des divinités topiques, des protectrices des lieux écartés ou déserts : bois, lacs, forêts, rochers, et la domination romaine fut de trop courte durée pour en venir à bout. Au temps de Jeanne d'Arc et même beaucoup plus tard, le clergé lorrain devra lutter pour réduire au silence les fées toujours turbulentes. Dans toute l'Europe la mythologie rustique se confronte longuement avec le christianisme et, grâce à des compromis, à des adaptations, à des combinaisons inattendues, les fées se christianisèrent.

(in : Additifs à "En marge de la légende dorée")
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La croyance à la signification des songes se retrouve dans le Nouveau Testament. Les mages apprirent ainsi qu'ils devaient retourner dans leur pays par un autre chemin. Joseph, l'époux de la Vierge, reçoit, durant son sommeil, toutes les communications divines qui lui sont nécessaires pour régler sa conduite dans les cas difficiles. C'est de cette façon qu'il est successivement averti d'avoir à ne pas répudier Marie devenue enceinte par la grâce de Dieu, à fuir en Égypte avec Jésus et sa Mère, à revenir en Palestine une fois tout danger passé, enfin à se retirer en Galilée. La femme de Pilate fait dire à celui-ci : « Qu'il n'y ait rien entre toi et ce Juste, car j'ai été aujourd'hui fort tourmentée en songe à son sujet. » Et Matthieu, qui nous rapporte ce propos, est loin de le désapprouver.
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Tous les peuples anciens de la Méditerranée donnèrent une grande attention aux songes et les érigèrent fréquemment en oracles : Égyptiens, Chaldéens, Perses, Mèdes, Grecs et Romains, admettaient tous que certains songes étaient envoyés par les dieux. Cette crédulité n'était pas particulière aux gens du peuple ; poètes et philosophes partageaient l'opinion commune : « Les songes viennent de Zeus, dit Homère, il est le seul dont la voix les appelle des régions lointaines où bourdonne leur essaim », et Platon déclarait « Dans le calme de la nuit, les génies répandus dans les régions éthérées viennent se reposer auprès de nous, impriment à nos âmes des idées dégagées des sens et nous transmettent les ordres de Dieu. » Porphyre nous dit que Pythagore avait appris l'art d'interpréter les visions du sommeil en voyageant chez les Chaldéens, les Hébreux et les Arabes ; il estimait, en tout cas, que les songes sont envoyés aux hommes par les démons ou les héros qui emplissent l'atmosphère.
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Les Hébreux furent de fervents adeptes de l'onéiromancie. D'après le Pentateuque, c'est en songe que Jéhovah parle ordinairement aux hommes. Au temps de Saül, les songes étaient mis sur le même rang que l'Urim et que les prophètes. Élie déclare à Job :
« Dieu parle par des songes, par des visions nocturnes,
Quand un profond sommeil pèse sur les mortels,
Quand ils dorment sur leur couche.
À ce moment il leur ouvre l'oreille
Et y scelle ses avertissements » (Job XXXII, 15-16)
(...)
En fait, l'Ancien Testament nous fournit nombre d'exemples de ces manifestations divines.
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La façon dont les chansons de geste du XII° et du XIII° siècle utilisent les songes est d'ailleurs caractéristique. Pour les auteurs de ces chansons profanes, lorsque les rêves ne viennent pas des anges, ils sont néanmoins presque toujours d'origine surnaturelle et présagent infailliblement ce qui va arriver.
Cet état d'esprit se retrouve dans les temps modernes et nous voyons de pieuses gens, historiens locaux, chroniqueurs, hagiographes reproduire sans hésitation une foule de récit semblables. Ils y sont d'ailleurs portés par l'accueil qui leur est fait dans les milieux populaires. Ceux qui achètent encore des "Clefs des songes" sont toujours prêts à les écouter et à les croire et ce ne sont pas les seuls.
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Le folklore participe à la fois des sciences historiques et des sciences naturelles, et le folkloriste doit posséder et les qualités de l'historien et celles du naturaliste.
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Le Folklore n'est pas seulement une science propre à éclairer l'esprit. C'est une discipline d'amour.
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En présence d'une légende fabuleuse à laquelle il est si facile de trouver un sens allégorique, les esprits curieux ne manquèrent pas de se demander comment elle avait bien pu se former. Les uns prétendirent qu'elle avait été inspirée par l'étymologie du nom même de Christophe et les autres, qu'elle était le résultat d'une interprétation plus ou moins fantaisiste de son image.
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Depuis longtemps, les savants catholiques conviennent volontiers que son histoire n'est qu'un roman. Le P. Papebroch, bollandiste de la première heure, estimait déjà qu'il est à peu près impossible :de tirer quelque chose de vrai de sa légende.
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L'histoire de Christophe est des plus étonnantes. La Légende dorée en a donné une version qui est devenue classique. La voici, avec quelques abréviations
Christophe était un géant de la terre de Chanaan, haut de douze coudées et d'un aspect terrible. Il entra au service d'un puissant roi, parce qu'il avait entendu dire que ce roi était le plus puissant du monde. Ayant remarqué que le roi se signait dès que l'on prononçait le nom du diable, il en conclut que celui-ci était plus puissant que son maître et résolut de se mettre à son service. Il le. rencontra dans le désert et fit route avec lui mais en arrivant à un carrefour, le diable aperçut une croix et prit soudain la fuite. Christophe, l'ayant rejoint, lui demanda la cause de sa frayeur et le diable, pressé de questions, fut contraint d'avouer que Jésus-Christ était plus puissant que lui.
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Il est très fréquent de voir considérer l'éternuement comme la preuve que quelqu'un d'autre, ami ou ennemi, s'occupe de celui qui éternue ou plus précisément parle de lui, le loue, le blâme ou le maudit. L'éternuement est-il dû alors à une sorte de visite de l'étranger ou à une espèce de commotion provoquée par l'incantation ou le charme que constitue la parole ? Il est impossible de le dire il semble qu'il s'agisse là de quelque chose qui tient à la fois de la télépathie et de l'envoûtement.
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La plus simple et peut-être la plus ancienne explication de toutes est l'animiste. Les uns y voient un signe du départ temporaire de l'âme, les autres de sa rentrée.
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L'éternuement chez les peuples les plus variés est l'objet d'interprétations et de pratiques que l'on classe ordinairement parmi les superstitions. Dans la Grèce d'Homère comme dans l'Allemagne du Moyen âge ou les Nouvelles- Hébrides de nos jours, l'éternuement est un présage. Et qu'il s'agisse de la Rome de Tibère, de l'Angleterre d'Elisabeth ou de l'Espagne contemporaine, on retrouve partout des salutations équivalentes à notre : Dieu vous bénisse ! Croyances et coutumes ne sont pas moins répandues que les haches de pierre ou les flèches de silex que l'on a ramassées dans tous les coins du monde et dont on a rempli les vitrines des musées préhistoriques.
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Le culte des pierres, des sources et des fleuves des arbres et des bois, qui s'efforçait de canaliser les secrètes énergies, de la nature ou d'orienter ses forces invisibles au profit de l'homme, remonte de très lointains millénaires et ne semble pas encore sur, le point de disparaître.
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L'église fut la grande ennemie de la danse, non pas seulement comme pourraient le faire croire certains moralistes pieux ou certains sermonnaires, parce qu'elle était une occasion de licence, mais parce qu'elle se liait le plus souvent à de vieilles pratiques païennes qui prolongeaient elles-mêmes d'immémoriales coutumes.
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Le mot ronde désigne à la fois une danse en forme de cercle et une chanson à danser en rond. De même que dans les pays romans, ballade signifiait une sorte de danse et la chanson qui l'accompagnait de même, le mot chora; chez les Roumains, désigne à la fois les rondes et les chants qu'on y répète. Dans l'ancienne Germanie, le mot leich (gothique laïken) avait non seulement les deux sens de ronde (laiks) et de chant (vieux haut allemand, leich), mais, en outre. celui de victime ou de sacrifice (anglosaxon lâc).
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Nous avons largement utilisé les indications de la magie et celles de la gnose, mais ce faisant nous avons évité d'en revenir aux abstractions, et résolument écarté le déjà très vieux naturalisme.
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