Emile Sevestre

Émile Sévestre s'est entouré de trois collaborateurs qui connaissent particulièrement bien les périodes de l'histoire de Valognes qu'ils se sont vus confier : l'abbé Birette, philologue averti et écrivain, Frédéric de Fontaine de Resbecq, aux dons rares d'érudition et M. Ronchail, officier valeureux de la Grande Guerre, ardent croyant et poète distingué.
Ensemble, ils retracent le destin de la ville sur quatre périodes, présentées comme les étapes d'une vie humaine : « Elle eut une enfance attachante, une jeunesse vigoureuse et une splendide maturité, et elle a montré qu'elle était capable d'étonnants relèvements ».
L'enfance tout d'abord qui conserve quelques mystères, s'est déroulée dans la vallée puis sur les hauteurs, à l'ombre de son château qui fut le centre de ses batailles et de ses activités, près duquel fut bâtie plus tard son église et qui subit tour à tour la tutelle des Saxons, des Francs et des Normands.
Puis à l'heure des crises de la jeunesse, la cité, devenue française, n'eut de cesse d'agrandir, de consolider et de parer son château et son église, dépensant sans compter pour des aménagements qui lui paraissaient indispensables.
Sa stratégie fut pertinente : son château fut son salut pendant la guerre de Cent Ans et son église fut son refuge pendant les luttes de la Réforme.
« La crise nationale avait été conjurée par le château et la crise religieuse par l'église », commente Émile Sévestre. Ingrate, elle détruisit son château, mais aviva encore son affection pour l'église, la dotant d'une tour centrale et d'une flèche octogonale.
Une ère nouvelle s'ouvrit alors.
Avec la maturité, elle vécut dans la splendeur et l'agitation, attirant toute l'aristocratie des environs. Elle subit d'autant plus les ravages de l'ouragan révolutionnaire, cause de terribles effondrements préparés par des déclins imperceptibles.
Elle sut cependant relever ses ruines, entreprenant de nouvelles constructions, créant de nouvelles industries et de nouvelles institutions. Elle fut aussi génératrice et éducatrice d'hommes illustres, comme Barbey d'Aurevilly surnommé le « connétable des lettres » ...
(Micberth)